Emmanuel Désveaux est ethnologue, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (Ehess) depuis 2003. Il a été directeur scientifique au Musée du Quai Branly lors de la phase de conception et de construction (2001-2006) de l'établissement, succédant à Maurice Godelier.
Il a appartenu au Laboratoire d'Anthropologie Sociale. C'est Claude Lévi-Strauss qui l'encourage à s'intéresser aux Ojibwa du Grand nord canadien auprès de qui il effectue plusieurs longs séjours entre 1979 et 1983. Après la thèse et le livre qui s'ensuivent (Sous le signe de l'ours, mythes et temporalité chez les Ojibwa septentrionaux, Ed. MSH, 1988), il élargit sa réflexion en abordant le thème de la logique transformationnelle panaméricaine mise en relief par Lévi-Strauss et l'étend non seulement aux mythes, mais aussi aux rites, aux objets et aux organisations sociales.
Emmanuel Désveaux
envoyé par Dominique Fournier
Suivant pas à pas les écrits de Claude Lévi-Strauss, commentant chacun de ses livres publiés dans la décennie qui court de 1985 à 1994 (La Potière jalouse, Histoire de Lynx, Regarder, écouter, lire et Saudades do Brasil), Emmanuel Désveaux explore la phase testamentaire de l'œuvre du grand anthropologue français, celle où s'énoncent les ultimes mises au point, mais surtout où émergent les doutes, affleurent les regrets, déferlent les accents de mélancolie. À travers ces lectures et au-delà de la question rebattue du structuralisme, il s'agit de capter les divers vaisseaux souterrains qui irriguent l'écriture lévi-straussienne : la figure du dénicheur d'oiseaux et l'Amérique, l'utopie et la mélancolie, la question de la représentation visuelle - chez Nicolas Poussin ou par l'image photographique -, le désir de poésie, enfin. Ce ne sont pas là des motifs mineurs, mais la condition d'une mise en perspective résolument originale des lignes de force de l'édifice lévi-straussien : l'échange matrimonial, le mythe, la musique et un rapport houleux à l'histoire.