Indignité nationale (3)

Publié le 05 novembre 2009 par Malesherbes

Notre gouvernement a une certaine tendance à faire porter sur les médias la responsabilité de ses difficultés. En fait, ce n’est ni la presse, ni l’audio-visuel, ni l’Internet qui créent les problèmes de nos élus, ils se contentent de rendre publics des faits qui jusqu’ici étaient restés dans l’ombre. Mais, mus par je ne sais quel réflexe de pudeur, ou de prudence, ils ne nous disent pas tout. Hier mercredi est sorti sur nos écrans, enfin à Paris sur un écran, un film intitulé « Walter, retour en résistance ». Un ancien déporté, Walter Bassan, âgé de 82 ans, y témoigne contre l’injustice. Visiblement, le distributeur de ce film, presque sorti dans la clandestinité, ne s’attend pas à des entrées par millions. On y voit cependant une scène, filmée le 18 mars 2008 par Gilles Perret sur le plateau des Glières, scène qui, à l’instar de la lettre de Guy Moquet, devrait être montrée dans toutes les écoles de notre beau pays.

On y découvre notre Président passant les troupes en revue avant de se recueillir devant le monument aux maquisards, tout près de 105 tombes. Il salue ensuite quelques unes de personnes présentes. Un ancien résistant lui dit : « Monsieur le Président, vous avez ici deux... deux Espagnols, deux républicains espagnols ». Sa Suffisance répond : « C’est formidable. Moi, je défends les Espagnols. Mais les Italiens sont pas mal non plus (rire)… Maintenant que je suis marié à une Italienne, hein… ». Observant un chasseur alpin, il s’écrie : « il est beau quand même, mais pas trop jeune et pas trop, hein ? ça me … ». Il poursuit : « vous savez que j’ai été jeune moi aussi (rire à gorge déployée) ». Ah non, vraiment, grandissime nouvelle, nous ne savions pas.

Le général Bachelet, président de l’Association des Glières, pointant du doigt la montagne, dit au chef de l’Etat : « Nous nous sommes refusés à laisser des résistants qui étaient tombés dans une embuscade enterrés dans une fosse commune. Nous les avons ramenés ici dans le cimetière». Le président, sans lui répondre, regardant dans la même direction : «  c’est quoi la cascade ? C’est magnifique. » Il continue son tour de piste : «  écoutez, je vous aime beaucoup » puis dit, à l’intention d’une dame : « ce rose vous va très bien ». Il reprend « je n’en tire aucune conclusion politique (rires de l’artiste et de l’assistance) ». Après quelques mots, il conclut : « ben oui, il faut bien s’amuser un peu… ».

Je ne sais si vous avez déjà eu l’occasion de vous trouver dans l’un des nombreux cimetières qui jalonnent le Nord, l’Est de notre pays ou la Normandie. Pour ma part, je ne puis les visiter sans me sentir étreint par une grande émotion. Accomplissant mes classes à Verdun, j’appréciais à chaque champ de bataille la chance de n’être pas né cinquante plus tôt et avait une pensée pour tous ces malheureux fauchés dans leur jeunesse. Visiblement, certains sont inaccessibles à ce genre d’émotion, trop absorbés dans la contemplation de leur rayonnant nombril.

L’identité nationale, qu’est-ce ? Le contraire du spectacle donné par un président, champion de l’indignité nationale.