On en est à quel livre là maintenant ? le VI c’est ça ? Mais qu’est ce qui arrive à Alexandre Astier qui reconnait qu’à l’origine il souhaitait que Kaamelott soit au format grand écran mais que les contraintes du petit écran et des budgets lui ont fait revoir sa copie.
Ce fut donc l’époque des Livres I et II. Des chroniques pêchues aux répliques devenues cultes. Naturellement niveau éclairage et photographie ce n’était pas Barry Lyndon mais ce format limite Comic Strip convenait bien à ce que je qualifierais d’ “Esprit Goscinny” des Livres I et II. Franchement, Alexandre Astier était pour moi l’héritier du papa d’Asterix. Même mieux, j’avais l’impression de retrouver cette ambiance qui me plaisait tellement dans les aventures de nos irréductibles gaulois. Et puis la trouvaille de Kaamelott était d’adapter la vie quotidienne en entreprise dans un contexte d’épopée fantastique. On sentait pointer dans les sorts utilisés et les situations coquasses de cette revisite de légende arthurienne, des bons souvenirs de parties de Donjeons et Dragons qu’Alexandre Astier avait du “vivre” avec ses copains et sa famille. Bref Kaamelott était un véritable coup de génie. Un rendez vous qui lorsqu’on le manquait, s’échangeait en DIVX sous le manteau.
Pourtant est ce que c’est vraiment ce que voulait faire Alexandre Astier. Lorsqu’il joue cet ours raleur d’Artus, n’est il pas finalement en train de nous faire entrevoir une personnalité plus mélancolique et plus sombre.
Dès le Livre III, il y a eu une décision artistique assez Barry Lyndonnienne… celle de se passer d’éclairage. Et voici notre forteresse devenue noire… Astier fait du Michael Mann sur petit écran ! Mais sert-il toujours son propos ? On sent bien depuis le début qu’au plus profond de l’homme-ours un perfectionniste polyvalent nous y berne. La bête se réveille et VLAN il nous coupe le jus, et la chique. Michael Mann a éclairé certaines scène de son film “Miami Vice” avec la foudre dans les nuages au dessus de Miami… ici Astier nous en mets plein la vue avec des acteurs subissant un bon vieux sort de Darkness 15′ !!! Sans infravision, nos héros favoris, dès qu’ils quittent la proximité de l’unique bougie qui éclaire la scène…se transforment en ombre. Et ca va pas s’améliorer. On entre dans une période de néo-réalisme aigüe et de traitement photographique utilisant à fond les possibilités de la HD. Alors pour un film gore de Mel Gibson pourquoi pas mais pour nos chevaliers préférés… ça casse l’ambiance. Bref, je ne vois pas trop Hugo Pratt illustrer Asterix.
Au Livre V, après nous avoir privé de lumière, on nous prive d’humour. Enfin la dose est servie au compte goutte. On se retrouve limite suicidaires. Enfin c’est Arthur qui le devient entre deux introspections complexes de paternités supposées. Kaamelott est alors filmé en “Prisedeteteorama” et même une certaine fatigue se lit dans les yeux de l’homme orchestre que ne renierait pas Bergman. Encore un livre de plus et on risque de retrouver Lars Van Triers derrière la caméra. Mais Lars je l’aime bien avec ou sans ciseaux ! Mais pas pour Kaamelott malheureux ! A la fin du livre VI le mot de la fin pourrait être : “Akoibon” !
Alors quand le Livre VI se profile… On le guette comme un amoureux de Vérone sous le balcon de la Cine Citta… Et là une fois de plus, patatra. Non pas que le talent ne soit pas au rendez vous. Le casting est de nouveau parfait mais quand il s’agit de rire ou de s’amuser… on tombe dans ce travers bien franchouillard ou soit disant pour faire une comédie il faut qu’on s’engueule. Je ne vois pas en quoi c’est drole. Des personnages peuvent être sombres, râleurs sans pour autant tomber dans le conflit perpétuel. Un exemple tout bête: le héros d’Un Jour Sans Fin a tout du chevalier arthurien qui va vivre sa rédemption mais qu’est ce qu’on s’en amuse !!! Et puis il y a ces moments de fondus enchainés ralentis jazzy (oui parce que la musique est limite jazzy dans le Livre VI !!!) où le flou devient artistiquement complexe à déchiffrer. J’ai pas tout compris la scène de l’orgie romaine d’ailleurs… si quelqu’un peut me l’expliquer en me faisant rire ?
Ah si! Il y a une bonne surprise quand même: Tcheky Karyo (blafard, yeux fiévreux) est très très drôle! Et ça connaissant bien le bonhomme (Salut Tcheky!) je dis chapeau à Alexandre Astier d’avoir fait éclore cette fleur d’humour noir qui sommeillait dans le jeu de notre Tcheky national !
Alors voilà, Alexandre Astier bénéficie de moyens conséquents, d’une liberté artistique énôrme et il choisit clairement de ne plus nous muscler les zygomatiques. Et si le Kaamelott du début avait été drôle par contrainte ? Par accident ? Et que la véritable ambition d’Alexandre Astier n’était de ne pas de nous faire rire; à moins qu’il se retrouve dans l’incapacité de reproduire les qualités humoristiques des premiers livres ? C’est fort possible. L’inspiration frappe quand elle veut. C’est comme une potion de Merlin: incontrôlable.
Mr Astier faites nous rire s’il vous plait ! Comme avant quand avec deux bouts de CGC vous nous sortiez des sabres lasers de la hutte à Obi Wan Kenobi ! Refaites nous jouer à Cul d’Chouette… Comme tant de fans, je suis glouton de votre humour et ma faim justifie bien vos moyens, non ?