Yaron Herman est une star montante, très jeune, très communicant, très doué, très aisé. Et sa réputation, il se l'est faite avec une grâce tirée des anciens (Keith Jarrett, Bill Evans, le repertoire classique) et une connaissance de la modernité choppée sur Myspace. Pas fou, le gars alterne gros standards et reprises de Britney ou Björk. Mais sur son dernier ouvrage, Muse, on sent un temps petit peu, pour la première fois, ses racines juives. Il y a d'abord une reprise intimiste de Naomi Shemer, star israélienne adulée par tout un peuple et il y aussi Lamidbar, interprétation fougueuse inspiré par sa culture natale. Bon, comme vous allez l'entendre, c'est très discret. Mais c'est un début.
Lamidbar by Julien LL
Avishai Cohen est un cas beaucoup plus intéressant. J'aime Yaron Herman mais seulement comme pianiste moderne et presque délocalisé. Avishai Cohen, lui, transpire quelque chose de beaucoup plus profond et réflexif. Je recommande très vivement son album Aurora, métissé, varié et superbement interprété. Cohen y pose sa contre-basse très chaleureuse et s'essaie aussi au chant. Sans virtuosité mais avec une sincérité assez troublante. L'ensemble est plutôt posé, calme, on sent un musicien en recherche. Une recherche identitaire très douce et apaisante.
Aurora by Julien LL
Un dernier partage, pour ceux qui ne savent pas exactement à quoi je fais référence en parlant de musique klezmer. Voici une vidéo du Pape David Krakauer, en 2004 à Krakow. Ce sont tous des types incroyables et surhumains, et pourtant ça n'en est pas moins complètement populaire. Ça fait du bien.
Tableau : Les Noces Juives dans le Maroc, Eugène Delacroix