Le mouton noir.

C’est après quelques menus travaux que la raison se déballa. Les sabots caoutchoutés restaient crantés dans la glaise si bien que les pieds, même, ne pouvaient plus guère bouger. Rien ne bougeait, finalement. Le sol sur lequel il se trouvait n’était qu’une épaisse plaque argileuse, stable, homogène; elle-même glissait imperceptiblement (c’est-à-dire très lentement, au rythme des éres) mais sans qu’il pût le quantifier, tellement il collait. Il avait eu beau creuser naguère,  à l’emplacement exact de l’ancienne sépulture donc en toute illégalité (de mémoire, c’était bien la première fois qu’il commettait une transgression si rigolote), en son for intérieur il croyait que les mémoires se superposent, puis s’entremêlent joyeusement, à la limite de la lascivité. Il en était persuadé très heureusement jusqu’à cet instant précis, qui lui démontra implacablement le contraire. Car c’est alors qu’il eut un léger haut-le-coeur, suivi d’un éblouissement assassin.