Fini le temps où aucune tête ne dépassait derrière la silhouette présidentielle. A mi-mandat, la majorité a pris des allures de jungle en folie. Nicolas Sarkozy le reconnaît lui-même en évoquant, dans une de ces colères froides qui le caractérisent et qui glacent ses interlocuteurs, “un océan de fébrilité“. La reprise en main a déjà commencé.
Si le système Sarkozy est ébranlé, il faudrait être bien imprudent, ou inconscient, pour penser qu’il va vaciller. Mercredi, en Conseil des ministres le président a rappelé la “nécessité d’être solidaires“. Rama Yade devrait être la prochaine fusillée pour l’exemple. Une source “anonyme” de l’Elysée a confié à l’AFP que le président pointerait sa “difficulté à s’insérer dans une équipe, quelle qu’elle soit”.
Au-delà de la seule personne de la secrétaire d’Etat aux sports, le message est clair à l’égard des membres du gouvernement. Un ministre ça ferme sa gueule ou ça se fait démissionner. Avec l’évocation d’un remaniement post-régionales, la pression est remise sur les ministres. Au moment de trancher, la main de l’Elysée ne devrait pas trembler.
Pour le gouvernement c’est donc réglé. Restent les parlementaires UMP. Depuis quelques temps les godillots dansent plus la polka qu’ils ne marchent au pas. Finies les allures de révoltés du Bounty. A François Fillon la charge de faire rentrer les mutins dans le rang. Mardi, devant le groupe UMP à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a tapé du poing sur la table. “Une réunion qui restera dans les annales !“ selon un participant, ambiance “rock’n rol” pour un autre.
Mais si le Premier ministre s’est fait personnellement plaisir en épinglant Rama Yade et les conseillers présidentiels à travers Henri Guaino, il est loin d’avoir assis son autorité sur une partie des parlementaires soudain enivrés par la liberté qu’ils se sont accordés.
Le Sénateur Jean-Pierre Raffarin a déjà prévenu que “personne ne peut sermonner personne, parce que chacun doit respecter chacun“.
Entre le débat et le bazar, la frontière est ténue. Bernard Debré se demande ainsi “A quoi sert un député s’il ne discute pas avec l’exécutif, voire s’il ne se révolte pas parfois. Nous ne sommes pas là pour appuyer sur les boutons du vote oui“.
Une liberté également revendiquée par Maurice Leroy (Nouveau Centre): “A ma connaissance, on est encore en démocratie et il n’y a pas d’armées d’occupation. On est libre”.
Dans l’immédiat, si le chat a sorti les griffes, les souris, elles, continuent à danser.
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