Toujours dans le cadre de la Journée Mondiale du Bégaiement et avec le concours du Dr Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel, nous continuons les questions / réponses avec une question au sujet des traitements médicamenteux pour les personnes bègues.
Je souffre d’un bégaiement léger mais suffisamment important pour être une souffrance. Je souhaiterais savoir si à ce jour certains traitements médicamenteux sont adaptés à des personnes dans mon cas, il ne faut pas évidemment que le traitement soit plus préjudiciable que les symptômes. En tout cas, ni mon médecin généraliste, ni le psychiatre que je consulte pour une psychothérapie ne semblent informés des traitements possibles.
Merci de votre réponse.
Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :
« Primum non nocere ». D’abord, ne pas nuire. C’est ce que nous jurons quand nous prêtons le serment d’Hippocrate.
J’ai en partie déjà répondu à cette question (à propos du Zyprexa) : dans toute prescription médicale, il y a à tenir compte des avantages et des inconvénients de ce médicament pour ce patient… compte tenu et de sa pathologie, et de ses antécédents, et de ses autres traitements (pour peu qu’il nous ait tout dit)….
C’est aussi au patient de savoir ce qu’il veut vraiment et le « prix » qu’il est prêt à y mettre. Un patient diabétique comprend rapidement que s’il ne se fait pas ses injections d’insuline il meurt, et que s’il abuse du sucre, il meurt à plus petit feu. Le bégaiement n’est pas une maladie mortelle – et je ne me moque de personne en disant cela. Ce qui veut dire que le patient bègue qui cherche réconfort et amélioration n’est pas dans une nécessité vitale au premier degré de le faire ; il n’y a de contrainte que son propre projet pour lui-même. Encore faut-il qu’il soit au clair sur ce qu’il veut pour lui-même, comment il se projette, et quel est l’entrave réelle du bégaiement dans son projet de vie.
Ne pas bégayer n’est pas le but de la prise en charge. C’est un moyen (entre autres) de mieux parler afin de mieux communiquer – pour améliorer sa vie de relation et sa relation à soi-même. Une définition de la guérison que j’apprécie beaucoup est « devenir autrement le même » ; ne pas y perdre de son être et de son identité, s’accomplir et faire cesser la souffrance.
Pour vous répondre sur ce qui serait adapté à votre cas, il faudrait que je le connaisse ce « cas » et comment cette souffrance (imprimée en vous) s’y exprime. C’est ce à quoi sert une consultation ! Il ne peut y avoir de fiche-cuisine, chaque cas est particulier. Certains médicaments agissent sur certains aspects du bégaiement, de ses comportements accompagnateurs (tics et dystonies), de ses facteurs aggravants, du retentissement psychique etc.
Le seul médicament qui pourrait être commercialisé avec comme seule indication le traitement du bégaiement est le pagoclone qui est en fin d’essais cliniques aux USA, et pas encore testé en Europe ou ailleurs. Donc il ne sera pas en vente en France avant plus d’une grande année… si les essais sont concluants.
On pourrait effectivement, avec les associations et les sociétés savantes penser à faire des fiches conseils pour les médecins traitants, du genre des recommandations de l’Agence Française de Sécurité AFSSAP ou quelque chose comme cela.
A voir, à creuser.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 15 mars à 07:54
bonjour,je suis baige et j'aimerai savoir ou puis-je trouver ce medicament contre le begaiement.je vis au U.S.A