L'Herbe d'Or est le nom d'un bateau et l'objet d'une quête folle, celle du pêcheur Pierre Goazcoz qui, lors d'une des plus terribles tempêtes jamais vues dans le port de Logan, lance son équipage sur la mer déchaînée dans l'espoir insensé de trouver enfin le passage vers l'Autre Monde, d'entrer vivant dans la mort. Lorsque le vent retombe pour laisser place à une brume épaisse, vient le moment où les nerfs subissent les pires épreuves, à bord comme à terre, le moment où certains se découvrent, le moment des bilans.
La Colline des Solitudes, comme son nom le laisse entendre, est le théâtre d'une mort lente, celle d'une communauté dont les onze rescapés, onze vieillards, vivent en sauvages, dans un grand isolement, sans pour autant donner l'impression de vouloir partir, jusqu'au "retour" sur la colline d'un homme, le fils d'une ancienne habitante du lieu qui l'a fui il y a longtemps. Il opère, sans toujours savoir comment, un étrange réveil de la vie, tout en se découvrant l'héritier d'un vieux royaume dont les livres d'histoire ne font mention nulle part.
Le merveilleux habite ces deux récits. Il y est à la fois questionné et questionnement. Il rejoint les interrogations les plus profondes sur le sens de la vie, le rôle de l'homme dans le monde, le pouvoir de l'imagination. En ce sens, tout en peignant des sociétés traditionnelles passées, les romans interpellent l'homme au sens universel. Ils recyclent également dans le monde des paysans et des marins des thèmes anciens, et notamment les quêtes des chevaliers de la Table Ronde. Dans le rôle de Merlin, le conteur lui-même, car à travers les romans c'est le conte qui est célébré. Pierre-Jakez Hélias endosse l'habit de l'enchanteur qui sait combien le bel édifice à la construction de laquelle il s'acharne est fragile, mais qu'il pourra survivre à sa mort apparente par la seule magie qui vaille, celle des mots.
Bien, et tout cela pour quoi? Eh bien pour vous inciter à lire des oeuvres injustement méconnues. D'accord, mais pourquoi celles-ci seulement? Il y a en effet d'autres romans (Vent de soleil, La Nuit singulière, Le Diable à quatre), des pièces de théâtre (Yseult seconde, Le Roi Kado...), et des contes justement, des contes en grand nombre, tous ouvrages où le merveilleux et le légendaire sont pour le moins à leur aise.
C'est vrai, si je me concentre tout spécialement sur ces deux romans, c'est pour proposer également à ceux qui les ont lus ou les liront une étude, un travail universitaire effectué il y a de cela presque 15 ans, dans un langage peu technique, et qui, sans prétention, permet de poursuivre le voyage, d'essayer de connaître un peu mieux les personnages, d'explorer le monde du conte, et qui pourrait éventuellement intéresser quiconque voudrait se lancer dans un autre travail sur l'auteur, sachant que c'est un terrain peu défriché, si l'on excepte les travaux de Thierry Glon, du plus vif intérêt, l'ouvrage de Francis Favereau, Pierre-Jakez Hélias, Bigouden universel, et celui de Pascal Rannou, plus critique, Inventaire d'un héritage.
Pour ce qui est des romans eux-mêmes, ils ne sont pas faciles à trouver, mais internet permet de se les procurer. Quant à mon étude du merveilleux dans ces récits, si le coeur vous en dit...