L'Elysée est inquiète, du climat politique général, d'un agenda qu'elle ne maîtrise plus, des échecs médiatiques de son Monarque. Les proches du pouvoir usent et abusent de toutes les cartouches dont ils disposent. L'insécurité en fait partie. C'est un terrain risqué. Lundi, un ministre de l'intérieur en panne d'idées a suggéré une nouvelle loi, un couvre-feu inapplicable contre les jeunes délinquants. Mardi, un quotidien révélait les failles de l'enquête contre la "Bande de Tarnac", une autre médiatisation inutile de Sarkofrance.
La bande de Tarnac, et sa mauvaise enquête.
Il y a un an, à quelques jours près, neuf personnes, soupçonnées d'avoir saboté des lignes TGV, étaient interpellées à Tarnac et incarcérées pour «association de malfaiteurs, destructions et dégradations en relation avec une entreprise terroriste». C'était l'une des interventions les plus médiatisées de la nouvelle DCRI (Direction centrale du Renseignement Intérieur), ce service de renseignement créé en juillet 2008, rattachée directement à l'autorité du président de la République, et issue de la fusion des Renseignements Généraux et de la DST. La "bande de Tarnac" était l'une des illustrations d'une menace devenue mythique, celle de "l'ultra-gauche", une menace mythique de Sarkofrance, agitée régulièrement par le gouvernement et l'UMP. L'ultragauche est un chiffon rouge très utile, "idéologiquement construit", pour effrayer le socle âgé de l'électorat sarkozyste.
Depuis, tous ces "terroristes" ont dû être relâchés faute de preuves, et les soupçons se sont orientés vers une pistes d'antinucléaires allemands. Julien Coupat, "leader" du groupe, passa plus de 6 mois en prison. Une espèce de garde à vue prolongée qui n'aboutit sur rien.
Lundi 2 novembre, les avocats de Julien Coupat et Yldune Levy ont remis une note au juge d'instruction en charge de l'affaire, dans laquelle ils détaillent les nombreuses anomalies qu'ils ont relevées dans l'enquête. Le quotidien Libération en a fait sa une, le même jour. Les incohérences sont "incroyables", comme le rélève le quotidien.
1. L'enquête repose sur un fait : la présence de Coupat et Lévy à proximité d’une voie sabotée, la nuit du 7 au 8 novembre. Pourtant, rappellent les avocats, le couple était surveillé, filé, espionné, écouté depuis depuis le matin même du 7 novembre. Malgré cette surveillance, aucune preuve matérielle n'a été trouvée: «Leur participation à ces faits ne devrait pas faire de doute». «Or non seulement le doute existe, notent les avocats, "mais les incohérences et les anomalies dont sont émaillées les constatations des enquêteurs amènent à s’interroger sur leur crédibilité."
2. Des traces de pneus et de semelles ont été relevées sur le lieu du sabotage par la police scientifique. problème, elles ne correspondent pas au véhicule de Coupat, ni à sa pointure : «Les constatations du technicien ne sont pas compatibles avec celles de la surveillance. Les traces de pneumatiques et de semelles de chaussures ne peuvent correspondre ni aux pneus de la voiture surveillée ni aux chaussures des occupants.»
3. Les policiers ont relevé qu'un véhicule a stationné près de la voie ferrée entre 4h et 4h20 du matin. Le véhicule de Julien Coupat, suivi depuis la matinée, était localisé à 26,6 kilomètres de là, 10 minutes plus tôt. Pour affirmer que les deux véhicules étaient les mêmes, les enquêteurs devaient assumer que Coupat a roulé à 159,6 km/h... Sans commentaire.
4. A l'endroit de la voie ferrée surveillée par les policiers, ces derniers constatent, dans leur procès-verbal, qu'un TGV serait passé avec quelque encombre, à 5h10. Ils ne préviennent pourtant la SNCF que 5 heures plus tard.
Au-delà de ces "faits" troublants, cette affaire créé un malaise. On soupçonne la DCRI, activée par un pouvoir politique en mal de bouc-émissaires, de forcer le dossier. Et L'Elysée de surfer ensuite sur la médiatisation de l'arrestation de "la bande de Tarnac."
Instrumentaliser la justice.
L'affaire Coupat n'est pas la seule polémique judiciaire des 30 premiers mois de mandature sarkozyenne. Loin de laisser la justice suivre son cours, le pouvoir use le sujet de l'insécurité. Brice Hortefeux a lancé l'idée, lundi dernier, d'établir un couvre-feu en soirée contre les jeunes délinquants. Cette mesure est inapplicable. Même les syndicats de police l'ont taclé : comment contrôler à domicile le respect du couvre-feu ? Comment repérer les mineurs des majeurs ? «C’est inapplicable, car le gouvernement s’est engagé dans une diminution des effectifs» de police, a déclaré Nicolas Comte, secrétaire général de l’Union SGP-FO/Unité police (1er syndicat de gardiens de la paix). Martine Aubry a rappelé que Sarkozy avait déjà fait voté 22 lois contre l'insécurité depuis 2002.
Lundi, le ministre de l'intérieur a annoncé à une commission parlementaire que son budget, de 16 milliards d'euros en 2010 augmenterait de 1,28% l'an prochain. Il y aura même des recrutements : 10 754, dont 4.240 dans la police ("40 commissaires, 100 officiers, 1.500 gardiens de la paix, 1.600 adjoints de sécurité et cadets de la République, ainsi que 1.000 personnels administratifs, techniques et scientifiques") et 6.514 dans la gendarmerie ("315 officiers, 1.243 sous-officiers, 3.840 gendarmes adjoints volontaires et 1.116 personnels administratifs, techniques et scientifiques"). C'est un effet d'annonce.
La socialiste Delphine Batho a rapidement rappelé qu'en application de la Révision Générale des Politiques Publiques adoptée par le gouvernement Sarkozy depuis mai 2007 (qui prévoit notamment le non-remplacement d'un fonctionnaire en retraite sur deux), les effectifs de police devaient passer de "146.000 à 138.000 en 2014". La député explique sur son blog qu'en 3 ans (2008, 2009, 2010), les effectifs de la police ont été réduit de "9121 équivalents temps plein de policiers et gendarmes". Depuis 2007, près de 75% des créations d'effectifs policiers créés par Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur ont été supprimés ! “La tendance est à la décroissance des effectifs de police”, a confirmé Michel Diefenbacher, député UMP. Elle n'est pas belle, la contradiction ?
Il y aura moins de policiers et gendarmes en 2010 qu'en 2002.
Merci à vous.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
Tarnac: les avocats de Julien Coupat dénoncent des "anomalie
par politistution