MARILYN et JFK de François Forestier
Ou comment saboter un mythe en moins de 300 pages.... Car c'est exactement l'effet bombardier de ce livre très bien documenté écrit par Francois Forestier. La relation intime de l'ancien président des Etats Unis avec la blonde Marylin est certes au cente de ce livre, mais elle est largement ourlée par la saga d'un clan dont le dernier "héros" Ted s'est éteint, il y a peu. On y "dissèque" les Kennedy.
Lundi soir, alors que la Presse unanime titrait sur le Goncourt attribué à Marie NDiaye pour son roman Trois Femmes Puissantes, j'étais à la FNAC bien décidée à acheter ce bouquin. Si la foule dans le magasin était dense, le présentoir où se trouvaient respectivement le Goncourt et le Renaudot semblait abandonné, la tranche des livres poussiéreuse... Mauvais signe, me suis-je dit, je vais peut être différer cette lecture en attendant la parution en format poche. J'ai hésité à acheter l'ouvrage de David Foenkinos, La Délicatesse qui me tente et j'ai malgré tout poursuivi mon chemin dans les rayonnages, indécise. Est-ce la couverture et ce clair obscur photographique nimbant Marylin de lumière et tenant dans l'ombre JFK et un autre homme, je ne saurai dire... j'ai porté mon choix sur ce documentaire, car cela se lit comme un documentaire et ne pas se faire d'illusion, il n'est point question de sentiments... le mythe JFK tombe avant la cinquantième page... Il tirait son coup, un point c'est tout !
Coeur et âme sensibles, abstenez vous de lire le "prélude" car c'est terriblement "gore" ! L'auteur y relate par le menu et avec une minutie de chirurgien l'assassinat du Président mais surtout l'agonie de ses viscères compte tenu qu'il est déjà "cérébralement" mort, je vous passerai les détails à vous soulever l'estomac...
... Bon une fois, ces quelques pages "digérées", passons à la suite. On pourrait s'attendre à découvrir une romance aussi édulcorée que la chanson de Vanessa Paradis, Marilyn et John, détrompez vous tout de suite. On sombre immédiatement dans l'univers trivial d'une Amérique pas bien jolie à regarder vue depuis la fenêtre de François Forestier. Si tout ce qu'écrit ce journaliste remarquablement documenté est vrai, jamais plus vous ne regardez, Messieurs, Marilyn Monroe la jupe soulevée sur une bouche d'aération du métro avec le même oeil.... Il parait qu'elle répugnait à se laver, avait les cheveux gras, les ongles sales etc... Oui mais... elle excitait passablement les mâles dont JFK... Elle tortillait du cul comme personne. Elle était le sexe fait femme. Ce sont les propos de l'auteur.
L'écriture de ce livre est alerte et splendide. On reste les yeux équarquillés devant une Amérique sordide, voyeuse et malsaine. Marilyn et John se sont ils aimés ? On en doute, mais on découvre à quel point ils ont été traqués, épiés, surveillés par tout et par tous.
Alors que je refermais ce livre, je suis tombée sur une photo du couple Obama avec leurs deux filles et je n'ai pas pû m'empêcher de faire un rapprochement avec le mot mythe. "Premier revers électoral" titrait la page. Un mythe, oui, pour combien de temps ?
A lire, pour ne pas restée sottement ébahis devant ces icônes vouées de toute façon à une tragédie, c'était inscrit dans les gênes des deux amants. Marylin trainait un lourd handicap affectif et JFK était un homme malade depuis sa plus tendre enfance. Seul le vieux Joe Kennedy dans ce livre s'en tire avec un peu d'ironie malgré ses frasques. Il avait façonné son fils et lui tenait lieu de colonne vertébrale au sens propre comme au sens figuré... A retenir en filigrane, le joli portrait d'une femme digne et courageuse, Jackie...