Indignité nationale (2)

Publié le 04 novembre 2009 par Malesherbes

Les générations qui nous ont précédés ont bâti notre pays par leur travail et leurs sacrifices. C’est l’une des raisons pour lesquelles certains Français dits de souche considèrent les immigrants comme des pique-assiettes qui viendraient leur voler leur héritage. Souvent notre nation a dû pour survivre acquitter le prix du sang. Si l’ont peut espérer que les grandes hécatombes des siècles derniers et en particulier du vingtième sont désormais révolues, de jeunes hommes continuent malgré tout à mourir pour la France.

On s’en console un peu aisément en se disant qu’il s’agissait là d’hommes qui aimaient l’aventure, la guerre, la bagarre. On oublie malheureusement qu’on y rencontre aussi des gens qui, par tradition familiale ou sentiment de l’honneur, se sont destinés au métier des armes. On y trouve aussi des jeunes qui n’ont pas trouvé d’autre moyen de gagner leur vie.

Au mois d’août 2008, dix soldats français ont été tués dans une embuscade en Afghanistan. J’ai cru comprendre que nos troupes ne disposaient peut-être pas de l’équipement le plus adéquat et que des erreurs auraient été commises. Enfin, l’enquête en cours permettra vraisemblablement de faire la lumière sur ces événements.

Dès le 20 août 2008, notre chef de l’Etat s’est rendu à Kaboul et s’est adressé à nos soldats. Après quelques mots, il a déclaré : « mais j’vous dis en conscience que, si c’était à refaire, je le referais ». A cet instant, il a marqué une pause, avant de poursuivre, l’index tendu : « pas la patrouille ! ». Il ne parvient pas alors à s’empêcher de pouffer de rire et de continuer, penchant la tête à droite et décrivant un moulinet de son bras droit : « pas le même enchaînement des événements ! » Inutile de vous dire que nos chaînes de télévision nationales ont épargné ce spectacle à vos chastes prunelles et à vos oreilles délicates.

Le lendemain, dans la cour d’honneur des Invalides, devant les dix cercueils, notre commandant en chef a tenté de nous apitoyer sur son sort : « je veux dire devant vos familles, qu’à ce moment précis où je vous parle, jamais à quel point (sic) je n’ai mesuré ce que peut être la solitude d’un chef de l’Etat. » Ces deux épisodes me remplissent de honte.

Certains s’interrogent sur ce qui fait l’identité nationale. Inutile de mobiliser les foules, censurant les messages non louangeurs. C’est tout simple. L’identité nationale, c’est l’exact opposé de telles paroles, attestant l’indignité de l’homme qui nous représente.