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Breves spécial "dettes" : Nassim Taleb, détournement de ratios prudentiels, grand emprunt, etc...

Publié le 04 novembre 2009 par Objectifliberte

Aujourd'hui, quelques brèves relatives à la dette, comment s'en sortir et pourquoi c'est mal parti.

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Améliorez votre anglais et votre compréhension de la crise avec Nassim Nicholas Taleb - Non seulement Nassim Taleb est un excellent écrivain, mais en plus, il ne se défend pas mal à l'oral, et il est relativement compréhensible malgré un débit rapide. Dans ce débat, Nouriel Roubini est un ton en dessous.

Dans cette vidéo de 11 minutes (en anglais, donc), Taleb explique pourquoi les politiques de l'administration Obama et de Bernanke vont lamentablement échouer, et pourquoi les signaux de marché à court terme sont sans intérêt pour anticiper une reprise. Résumé en Français sous la vidéo:

Petit résumé:

  • Le seul moyen de se sortir de la crise est un mouvement massif de conversion des dettes en capital (déjà évoqué ici)
  • Les mouvements de marché à court terme ne veulent rien dire. Les cours sont le fait des acheteurs et vendeurs "à la marge", les prétendus signaux de marché sont sans valeur.
  • Ce n'est pas être pessimiste que d'avertir à propos des risques.
  • Toutes les politiques de l'administration Obama sont orientées vers la récompense de ceux qui ont failli, des banquiers, de la Fed, aux possesseurs d'épaves, ou aux crédits d'impôts renforcés aux entreprises qui perdent de l'argent.
  • Les erreurs de Bernanke sont bien pires que celles de Greenspan
  • Un comble: au lieu d'avoir été pénalisés par la crise, Wall street a renforcé son pouvoir.

Mais il y en aurait bien plus à dire, tant chaque phrase porte son lot de bon sens. Bon visionnage !

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Du "bon" usage des ratios prudentiels - La chronique Agora, de Bill Bonner (qui avec son compère Wiggins expliquait la crise à venir dès 2006) nous informe d'une nouvelle tentative d'un état, le Britannique en l'occurrence, de se servir des lois pour forcer des banques captives à financer ses déficits

"Une nouvelle régulation a été passée par la Financial Services Authority britannique [équivalent de l'AMF française, ndlr.] afin de mettre en place de nouvelles règles de trésorerie pour les actifs des banques. Pour résumer, la FSA peut exiger des banques qu'elles détiennent un certain pourcentage d'actifs pouvant être rapidement liquidés pour lever des fonds si besoin est. Des actifs dont la qualité de crédit est basse (des junk bonds ou des obligations d'entreprises moins bien notées) pourraient ne pas faire l'affaire.

Ce que cela signifie -- si on lit entre les lignes -- c'est que les seuls actifs qui peuvent correspondre aux nouveaux critères de la FSA sont les obligations souveraines. Cela rend peut-être les actifs bancaires plus faciles à liquider. Mais nous ne dirions pas que détenir plus d'obligations gouvernementales rend les actifs des banques plus sûrs, ou que cela améliore la position du capital dans le secteur financier.

En réalité, ces nouvelles exigences fournissent surtout au gouvernement un moyen de forcer les banques à avaler les nouvelles émissions obligataires".

Je dirais même plus: tant qu'elles étaient cotées AAA, les obligations "CDO" (collatéralisées par des crédits immobiliers) étaient liquides. Du jour au lendemain, plus personne n'en a voulu (après la faillite de Lehman, et le monde entier prenait conscience que ces CDO valaient sans doute entre 15 et 60% de leur nominal: plus personne n'en a voulu. De la même façon, affirmer que la détention de dette d'un état est une garantie de liquidité de l'actif bancaire est un mensonge éhonté: il suffit qu'un état important soit menacé de défaut pour que les titres de sa dette deviennent très durs à vendre, et se négocient à une fraction de leur valeur faciale. 

Le prétexte retenu par l'autorité britannique n'est donc qu'un trompe l'oeil... 

Il est à noter qu'en France déjà, les règles prudentielles régissant les compagnies d'assurance et l'assurance vie forcent pratiquement les compagnies à  s'investir en obligations d'état. Ce qui fait, à long terme, de l'assurance vie à la française, un des placements les moins sûrs qui soient, tant le risque politique sur la dette française devient dramatiquement élevé. 

Bref, un nouvel épisode de confiscation de notre argent par les états, via des lois sur mesure, est en marche. D'autres suivent.
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Pédagogie - Un lecteur m'a fait remarquer par mel que malgré mes efforts (merci !) pour rester compréhensible, quelqu'un qui n'avait aucune notion de comptabilité avait du mal à suivre ce que je raconte dans plusieurs articles. Je reconnais que la comptabilité est une matière ardue, dont je ne connais moi même que les principes de base (grands agrégats du plan comptable général et éléments de compta analytique). Mais cette crise (aucune crise, en fait) ne peut pas être expliquée sans un minimum de détour par le "Bilan" des entreprises et des banques. Tout, absolument tout, part du bilan.

Je reposte donc deux liens de "vulgarisation avancée" qui exposent les notions de base:

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Réflexions personnelles - Je reviens sur l'importance de la nécessité d'assainir le bilan des institutions financières par des échanges rapides de dette contre capital, solution également pronée par Taleb.
Certes, ce n'est pas le chemin pris par le gouvernement Obama ni aucun de ses collègues au G20, à ma connaissance. Ceux ci préfèrent racheter massivement des créances mal assurées aux banques pour redonner à leurs actifs un peu de liquidité.

Seul problème: en cas de défaut de l'état, celui ci n'étant pas une entreprise, aucun accord d'échange "dette contre capital" n'est possible, et les créanciers en sont pour leurs frais. Certes, l'état peut tenter de vendre ses actifs pour renflouer ses caisses et honorer ses dettes, mais au niveau atteint par la dette publique, aucune vente d'actifs, surtout en "vente forcée", ne peut en éponger autre chose que des fractions minimes.

Bref, convertir les dettes privées en capital aurait été possible et l'est toujours si la raison finit par prévaloir. Mais convertir les dettes de l'état de la même façon ne l'est pas. En cas de défaut, seule une liquidation en bonne et due forme des actifs publics est possible.

Nationaliser les pertes bancaires était de loin la solution la plus génératrice d'insécurité financière à long terme. C'est donc celle que les états ont choisie !

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Dilbert - Ce n'est pas parce que nous sommes mal embarqués qu'il ne faut pas en rire !

Dilbert's doom scenario
source: Dilbert

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Débat surréaliste - Une soixantaine de députés UMP et NC se sont distingués en demandant (avec, parait-il, l'imprimatur du décidément consternant Guaino) que le "grand emprunt" ne soit pas un minable emprunt de 20 à 40 milliards mais  atteigne au moins... 100 milliards. La Farce continue.
Pourquoi 100 Mds, et pas 200 ou 1 000 ? On se perd en conjectures sur le caractère timoré de cette proposition des députés "frondeurs".

Redevenons sérieux ! La France va déjà devoir trouver en 2010, hors "grand emprunt", plus de 200 milliards d'Euros sur les marchés financiers pour payer ses tranches à maturité et financer ses déficits. Avant crise, la moyenne pour une année normale était de moins de 100 milliards ! Et ce alors que TOUS les états européens sont dans la même situation.

En admettant que l'emprunt supplémentaire soit souscrit sans encombre, un tel assèchement de l'épargne privée au profit de l'état ne peut qu'accélérer le tarissement du capital et du crédit accessible aux entreprises, lesquelles, lorsqu'elles trouveront à se financer, paieront cette faculté à des taux exorbitants. Naturellement, on nous dit que l'état va réinvestir cet argent dans des "secteurs d'avenir": quand bien même il ne détournera pas cet argent pour faire face à ses voies d'eau, pardon, ses dépenses courantes, on voit mal par quel miracle nos Guainos et autres professionnels du (mauvais) choix public pourraient mieux choisir quelles sont ces secteurs d'avenir que des investisseurs jouant avec leur argent. Combien de plans calcul, d'Iter, de concorde et de quaero en perspective ?
Si vous croyez ce que disent les tenants de l'emprunt, vous me répondrez que "les individus ayant peur d'investir, c'est à l'état de se substituer à eux". Mais qui a créé un contexte tellement défavorable à l'investissement privé, par un fiscalité délirante, une avalanche de réglementations ubuesques et bientôt à venir un délire taxatif lié à la surréaliste chasse au CO2 ?

L'état doit d'urgence recréer un climat favorable à l'investissement privé: retour à la primauté de la litigation sur l'hyper-réglementation préventive, fiscalités marginales acceptables (dans le contexte actuel, parler de révolution fiscale est un doux rêve), réformes de fond de la retraite pour en finir avec l'hypothèque de la faillite des régimes sociaux, et retour à la raison carbonifère. Sans quoi notre déclin sera irréversible.

Comment peut on nous faire croire que ces 100 milliards auront le moindre effet positif, alors qu'en 35 ans, la dette publique française est passée de moins de 200 milliards de FRANCS à 1400 milliards d'EUROS et que dans la même période de temps, le chômage, l'insécurité, la précarité et les soupes populaires ont connu une expansion continue ? Corrélation n'est pas nécessairement causalité, certes, mais au minimum, elle montre que la fuite dans la dette pratiquée depuis 35 ans, N'A RESOLU AUCUN DES PROBLEMES QUI SE SONT POSES AUX FRANCAIS DEPUIS LORS. Et "ils" nous disent que cette fois ci, la France va financer des dépenses d'avenir ?

J'ai signé la pétition pour une relance durable et vous convie, si ce n'est déjà fait, à en faire de même. Le blog Aequalis propose un courrier type pour envoyer cette pétition à votre député. Voilà une initiative que je ne puis qu'encourager !

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C'est fini pour ce soir ! 

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