Quelques couvertures du romancier André Armandy (1882-1958), ainsi que le début de l'introduction qu'il publia en tête du premier volume de Le Satanic - Les Épaves dorées, où il explique son goût pour l'aventure et questionne sur le sort fait dans "certains cénacles" à la littérature de "genre".
Introduction
On a beaucoup médit des romans d'aventures. Il est du meilleur ton parmi certains cénacles de les considérer comme un genre inférieur, en marge de la littérature. Serait-ce que, pour avoir droit au titre d'écrivain, la première condition soit de se confiner dans l'analyse de son moi ?
L'aventure ? J'ai conscience de lui devoir beaucoup, et je n'éprouve nulle honte à l'avouer. Je l'aimais avant que d'écrire. Ecrivain, je me suis complu à me pencher sur ceux qui, s'évadant des conventions, surent rompre avec la monotonie de l'existence. Des aventuriers ? Il se peut. Des hommes, à coup sûr, de rudes hommes, des femmes aussi, en la poitrine desquels bondissait un coeur tumultueux où, si tout n'était point vertu, tout n'était point non plus que fange, et qui, dans la plupart des cas, payèrent d'une terrible rançon le droit qu'ils s'arrogèrent de ne puiser qu'en eux les raisons de leurs actes, de n'en admettre qu'eux pour juges.
Est-ce donc encore un roman " d'aventures " que j'entreprends d'écrire ici ? Si je dis : oui et non, ce n'est point, croyez-le, une concession que j'entends faire au dédain en lequel certains affectent d'enfermer ce genre décrié. Mais c'est qu'à proprement parler ce récit est celui d'une aventure au sens passionnel du mot, d'une aventure vécue, d'une vérité cruelle, et que si les péripéties que traversèrent ses douloureux héros justifient ce pluriel péjoratif, il n'en est pas moins vrai que leur amour, par sa pathétique grandeur, domina très haut les contingences parmi lesquelles il évolua.
Lecteur, vous voici prévenu : à vous de lire ou de passer. [...]