Deuxièmement, c'est la fête des saints de nos familles : pas un seul d'entre nous qui n'ait des saints dans sa généalogie, qu'il le sache ou non. Je fête aujourd'hui tous mes ancêtres, ou plus proches : ces grands-parents ou déjà parents, frères ou sœurs, qui m'ont précédé dans le Royaume. Ne suis-je pas l'enfant de leurs larmes, de leur prière, de leur amour ? Telle grâce que je reçois aujourd'hui, n'est-ce pas en réponse à l'amour d'une grand-mère inconnue, récitant son chapelet au soir d'une longue journée de labeur dans les champs ? Cela aussi, c'est la communion des saints. Serai-je digne des saints de ma famille ?
Troisièmement, c'est la fête des saints non explicitement chrétiens, simplement parce qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de rencontrer Jésus, mais qui n'en sont pas moins sauvés par lui. Les saints des peuples païens (la Bible nous en donne quelques exemples), car tous les peuples ont leurs saints. Ceux qui ont vécu effectivement les Béatitudes, sans en savoir la source. Qui ont vécu l'Évangile, sans pouvoir reconnaître le visage de Jésus en son Eglise, défiguré qu'il était par les infidélités de trop de baptisés. Les frontières de l'Eglise ne coïncident pas forcément avec les murs de nos églises. Certains « hors-murs » n'ont-il pas pu vivre, paradoxalement, au cœur de l'Eglise ? Dieu le sait qui voit le cœur : « dans l'ineffable prescience de Dieu beaucoup qui paraissent dehors sont dedans et beaucoup qui paraissent dedans son dehors » (Saint-Augustin, De Baptismo, 5, 27).
(Dans Missel Kephas 3, Fayard, 2000, p. 1303)