Comme tout connecté à internet, je reçois des spams. Ils ne se valent pas tous. Entre ceux qui proposent de ré-architecturer mon zizi avec des pilules miracles pour en faire un pilon pneumatique de dimension biblique, et ceux qui assurent pouvoir me fournir des montres de luxe ou des logiciels à des prix défiant toute crédibilité, d’aider M. Timothée à exfiltrer douze ou treize millions de dollars ou de participer à une palpitante chaîne permettant d’aider une tétraplégique avant son découpage et revente par morceaux, on trouve de tout et parfois des choses drôles. Hier soir, c’est Eric Woerth qui m’a écrit du spam rigolo…
Pour des raisons facétieuses, un petit malin m’aura inscrit dans une des liste de distributions de l’UMP : j’ai donc reçu une petite dose de spam. D’habitude, c’est poubelle direct, mais cette fois-ci, un petit macaron m’a attiré l’œil : Oooooh, on me demande de participer à la politique de réforme de la France ! Voilà une idée qu’elle est bonne ! Au passage, cela soulève quelques remarques :
- Pourquoi on ne parle de réforme que maintenant ? Je croyais que la réforme était en marche tonitruante depuis 2007, moi ! C’est quoi, cette entourloupe ?
- Pourquoi on ne me demande mon avis que maintenant ? Peut-être aurait-il été judicieux de commencer par là, non ?
- Et puis, si on me demande mon avis (chic, chic), à quoi servent les élections, en plus ? A désigner des gens qui devront suivre mon avis ensuite ? A quoi servent leur programme, alors ? Tout ceci n’est pas clair.
Mais baste, passons. Le macaron étant rigolo, j’ai continué ma lecture. Et ça en valait la peine puisqu’elle inclut cette petite citation du président : « de la crise économique inédite que nous connaissons doit naître un monde nouveau »… Un monde nouveau ? Mais ! Diable ! By fichtre ! Je n’en vois aucun poindre à l’horizon ! En effet, depuis le début de la crise, que nous a proposé ce sémillant gouvernement dont Woerth fait partie ? En gros, toutes les actions politiques se sont résumées à : – faire de Kolossaux Defizcits, alors qu’avant, on se contentait de faire des déficits importants, – distribuer les largesses de l’état à ceux qui couinaient le plus fort alors qu’avant, on distribuait les largesses de l’état à ceux qui braillaient un peu plus que les autres, – de faire dans les paillettes et strass médiatique en lieu et place de l’esbroufe communicante, – de favoriser les petits copains, les amis et la famille là où, avant, on magouillait entre connaissances, coteries et dynastie. Or donc, Woerth et son équipe de choc nous propose du changement, de la réforme, en un mot : du nouveau ! Et d’ailleurs, il nous en parle dans le paragraphe suivant :
Oui, plus que jamais, nous avons la nécessité absolue de faire évoluer notre pays vers un nouveau modèle. C’est pour cela que nous avons poursuivi les réformes tout au long de cette année 2009. C’est pour cela que nous allons les amplifier dans les mois qui viennent.
Aaaargh, ils vont donc amplifier ce qu’ils ont appelé « réformes » depuis le début de l’année 2009 ? Mais, on trottinait déjà sur le chemin de la catastrophe, maintenant, on va sprinter dessus à s’en déclencher un malaise vagal ! Vient ensuite un peu de réclame pour, justement, ces phâmeuses réformes entreprises, comme, je vous le donne en mille, … la suppression de la taxe professionnelle ! Vous savez, cette suppression de taxe qui pose des problèmes même au sein de l’UMP, et qui met l’état et ses finances dans de sales draps… Eh bien, alors même que rien n’est pour le moment fixé, c’est déjà vendu par les sbires du parti au pouvoir comme une vraie réforme. Comme un couteau sans lame auquel il manquerait le manche, cette réforme n’est pas encore votée, pas encore financée, encore en débat, et absolument pas certaine d’aboutir à quoi que ce soit d’autre qu’une nouvelle usine à gaz où, au final, on n’aura pas supprimé la taxe en question et on en aura rajouté une autre, la carbonée-salée. Mais là encore, ne nous arrêtons pas à ces détails. Le spamwoertheur continue et cette fois-ci, on passe du spam au scam puisqu’il nous fait un petit fishing des familles sur le mode « Donnez nous du pognons et on va la faire, cette réforme, promis juré craché« .
En souscrivant aux Bons de soutien aux réformes 2009, vous allez nous donner les moyens d’agir pour organiser le débat, démultiplier notre travail de pédagogie et de proximité.
Eh oui : en payant quelque modique somme à l’organisation de l’UMP, ils assurent le retour d’affection, la guérison des maladies les plus cocasses, ils redressent les sexes tordus et ils vont démultiplier grave la pédagogie et la proximité qui cogne au portefeuille. Et en échange de cette modique somme (et de tous les bénéfices sur le plan amoureux), vous recevrez un magnifique assignat bon, dont la petite image est même gentiment fournie au lecteur histoire de l’exciter un peu : Aaaaah. Tout ceci est fort bel et bon mais il y a un hic:
cet argent, vous l’avez déjà reçu !
Vous l’avez intégralement cramé en bêtises affolantes, et en plus, vous avez encore eu besoin d’emprunter des montants astronomiques (avec 10E9 comme facteur d’ordre, merci).
Je ne vois pas en quoi rajouter un peu de thunes dans un parti qui a montré la totale inefficacité de sa gestion à la tête du pays va pouvoir aider le dit pays à relever un tant soit peu la tête.
On m’objectera que les montants sont réclamés par l’UMP et pas pour le budget de la France (pour ça, ça viendra plus tard, bing, et là, pas de sivouplémerci). Ce qui veut dire que les souscriptions pour ce parti politique vont se traduire par encore plus de prébendes, avantages et lobbying de certains au détriment de tous, et le tout, dans la parfaite continuation propagandiste ridicule que nous avons observée sur les dernières années, tant à droite qu’à gauche.
Tant qu’à donner de l’argent, autant le faire auprès du boucher ou du cafetier du coin, le retour sur investissement est visible et quantifiable.
Ma conclusion personnelle est, finalement, qu’il ne faut pas toujours éliminer le spam sans le lire : un bon rire, ça vaut parfois autant qu’un steack. Et quand il est au frais de l’UMP, je ne vois pas pourquoi on se priverait.