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Nous sommes le Peuple !

Publié le 04 novembre 2009 par Yvesd

chute.jpgFrance2 diffusait hier soir « Un Mur à Berlin », un excellent documentaire signé Patrick Rotman. Excellent parce que superbement et généreusement documenté, excellent aussi parce qu’au-delà de l’évènementiel ou de l’anecdotique il replace la chute du mur dans son contexte historique : celui de la lente mais inexorable décomposition du navrant modèle communiste.

A l’attention de Josette qui a préféré regarder Desperate Housewives sur la 6 pendant que, sur Canal, Marcel vibrait au rythme des exploits de Bordeaux face au Bayern, et plus généralement à l’attention de tous ses lecteurs qui l’ont raté, « Restons Correct ! » a le plaisir d’en rappeler les grandes lignes.

« Tout » a commencé en 1948 avec le blocus de la ville par les Soviétiques en vue d’obliger les Occidentaux à l’évacuer, à abandonner une population plus qu’inquiète au totalitarisme. Près d’un an de siège rendu infructueux par un pont aérien américain qui a ravitaillé la ville pendant plus de trois-cents jours avec au bout un message parfaitement clair pour Staline : touche pas à Berlin Ouest !

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L’étape suivante fut les émeutes de 1953 consécutives aux restrictions imposées par le Parti Communiste sur la consommation de bratwurst, la déclinaison locale de la (vraie) galette-saucisse. Des grèves ouvrières, spontanées faute de l’existence de syndicats indépendants, férocement réprimées avec l’aide des troupes russes stationnées sur place. Second message tout aussi clair à l’attention des « ennemis du socialisme » : pas question de Liberté en deçà du rideau de fer !

Trois ans plus tard en 1956, les Hongrois se verront administrer une sanglante piqure de rappel dans les rues et les faubourgs de Budapest.

Le résultat ne se fait pas attendre, privé de démocratie, le peuple vote avec ses pieds et s’exile massivement via Berlin, seul faille dans le rideau de fer. Les Allemands de l’Est y passent massivement à l’Ouest, la RDA se vide tous les jours un peu plus de ses cadres, de ses ingénieurs, de ses médecins, de ses techniciens, de ses ouvriers qualifiés et de leurs familles.

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Pour les communistes du cru, la situation est un camouflet inacceptable doublé d’un problème économique et démographique préoccupant. Berlin sera donc fermé, le mur sera érigé au beau milieu de l’été 1961, les candidats à l’évasion vers la Liberté qui seront surpris à vouloir le franchir seront abattus comme des chiens. Comme le fut Peter Fechter, 18 ans, qui agonisera une heure avant que les gardes frontières ne viennent récupérer son corps entre les barbelés.

En Occident et notamment en France la propagande, relayée par les dirigeants communistes, explique sans rire et sans vergogne qu’il s’agit d’une mesure de légitime défense destinée à protéger ce paradis du socialisme qu’est la RDA des tentatives d’infiltrations et des menées subversives orchestrées par la CIA et les néonazis qui ont pris le pouvoir en Allemagne de l’Ouest, avec l’assentiment des valets usuels de l’impérialisme américain et du grand capital.

C’est depuis ce temps qu’un certain nombre de nos concitoyens doivent faire appel à tout leur esprit de tolérance pour ne pas sortir leur Taser quand ils croisent un communiste…

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« Tout » change en fait au début des années 80 quand l’URSS, rincée par des décennies de collectivisation de son économie et incapable de nourrir sa population sans importer massivement des céréales en provenance d’Occident, est contrainte d’opérer une retraite stratégique sur tous les « fronts », y compris en Europe. Gorbatchev arrive au pouvoir, l’Armée Rouge sabre dans ses effectifs, Trotsky se retourne dans sa tombe, il est de plus en plus clair que le bloc socialiste est en train de perdre la guerre froide.

Les premiers à en profiter sont les Polonais avec la création puis la victoire de Solidarnosc, le syndicat libre de Lech Walesa. Tous les « satellites » vont suivre les uns après les autres à commencer par l’Allemagne de l’Est. Le « Mur de la Honte » tombera le 9 novembre 1989 sous une marée populaire et non-violente, encadrée comme elles le pouvaient par les églises luthériennes.

WirSindDasVolk.jpg
Depuis des semaines, à Berlin comme à Leipzig, le slogan des manifestants étaient : wir sind das Volk ! nous sommes le peuple ! Quelle plus belle formule auraient-ils pu trouver pour claquer pacifiquement la gueule des chiens de garde du totalitarisme communiste ?


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