Les collectivités locales doivent-elles financer le foot professionnel ? La question s’est à nouveau posée hier au Grand Lyon, alors que l’assemblée votait sa subvention annuelle à l’Olympique Lyonnais.
Le groupe UMP a lui demandé à ce que soit rajoutée dans la délibération la destination de cette subvention, à savoir “une mission d’intérêt général au titre de la formation”. Une mention qui touche au coeur du débat : l’usage que l’Olympique Lyonnais fait de cet argent. La Loi Buffet, qui régit les possibilités de financement public des clubs sportifs professionnels, définit deux possibilités de financement par les collectivités : les prestations de services (achat de places, d’emplacements publicitaires, etc.) et les missions d’intérêt général. En gros, la subvention doit servir à financer des actions de type formation, action sociale, promotion des valeurs du sport, lutte contre la violence dans les stades…
Or, selon la Chambre régionale des comptes, le Grand Lyon (comme la Ville de Lyon qui finance à hauteur comparable le club) n’a pas cherché à évaluer les actions réellement menées à ce titre par l’Olympique Lyonnais. La collectivité a depuis demandé à l’OL de développer son rapport d’activité afin de voir si les actions menées correspondent aux objectifs fixés. Selon les Verts, ce n’est pas le cas. “Il n’y a, selon eux, rien par exemple sur la lutte contre le dopage ou sur la formation des entraîneurs“. Ajoutant : “Ce n’est pas l’évaluation de ces actions de formation qui est insuffisante mais les actions mêmes qui sont inexistantes“.
Le même reproche avait été formulé par la chambre régionale des comptes sur la seconde forme de soutien au club, dite “prestation de service”, qui consiste pour les collectivités à acheter des milliers de places et d’abonnements au club. Avec un contrat d’un peu plus de 100.000 euros pour des loges, le Grand Lyon n’était pas le plus gros client billetterie de l’OL (la ville de Lyon frisait les 500.000 euros, et le Conseil général le million d’euros). Pourtant, comme aux autres collectivités locales, la Chambre régionale des comptes a demandé au Grand Lyon de bien vouloir mettre en place un contrôle (jusqu’ici inexistant) de la destination de ces places au stade. Aucune des collectivités ne peut en effet expliquer qui précisément en bénéficie. Ce qui, selon la Chambre régionale des comptes, pose aussi la question de l’intérêt de ces financements pour les collectivités. En 2007, le tribunal administratif de Lyon avait d’ailleurs fait annuler une délibération du conseil général sur ces achats de places. Une autre pourrait être également annulée prochainement par ce même tribunal.
Le vote d’hier au Grand Lyon intervient alors que le projet de Grand Stade, soutenu par le président socialiste Gérard Collomb, divise les élus de l’agglomération. Sur le même thème : les collectivités doivent-elles financer un club comme l’Olympique Lyonnais ? Pour Gérard Collomb, qui a vertement répondu aux Verts en général, à Etienne Tête en particulier en leur demandant de quitter le navire s’ils n’étaient pas d’accord avec lui, la réponse est évidemment “oui”. Selon le maire de Lyon, le club participe au rayonnement et au développement économique de l’agglomération. Selon les Verts, les collectivités sortent de leur rôle et n’ont pas à financer le foot-business. En total cumulé des différentes aides directes, ou indirectes, le club de Jean-Michel Aulas a reçu selon la chambre régionale des comptes, près de 5 millions d’euros par an des collectivités locales.
source: Libération