Sur son Blog, le grand humaniste et rédacteur en chef du Nouvelobs, Jean Daniel, écrit :
La « sacralité » d’Israël
L’autre domaine dans lequel mon exigence de réparation est aussi passionnel, c’est, bien sûr, le Proche Orient. Les livres se succèdent aux Etats-Unis et en France qui contiennent des cris d’alarme, lesquels rejoignent enfin nos obsessions.
Parmi ces cris, il en est un plus pathétique que les autres, celui d’Elie Barnavi, sur lequel je reviendrai. Mais déjà, je peux dire que son titre résume son désespoir : « Aujourd’hui ou jamais ». Il est dédié à Barack Obama. Seuls les Etats-Unis peuvent et doivent imposer une paix au Proche Orient selon l’ancien ambassadeur d’Israël en France.
Comment en est-on arrivé là ? Tous les livres qui s’accumulent le rappellent. Une guerre désastreuse a été déclenchée contre Saddam Hussein sous le prétexte qu’il détenait des armes de destruction massive avec lesquelles il pouvait agresser plusieurs Etats et surtout Israël. C’était l’un des plus énormes mensonges fait par un président américain à son peuple, soigneusement entretenu par un groupe de géopoliticiens et d’idéologues judéo-évangéliques qui ne rêvaient de rien de moins que de redécouper à la serpe la carte du Proche Orient.
Le résultat s’est soldé rapidement par un désastre régional qui a galvanisé les ambitions iraniennes, structuré les formations du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, et stimulé la résistance afghane. Il fallait être contre cette guerre avec autant de violence que l’héroïne du dernier roman de Philip Roth qui espère qu’à son réveil, on lui apprendra l’assassinat de Georges Bush. La France, heureusement, a été contre cette guerre. Mais cela n’a nullement empêché les intellectuels atlantistes dont je parlais plus haut de continuer à forger leur doctrine et nous avons eu droit, sous leur signature, à des thèses universitaires aussi volumineuses que radicales.
Si nous étions opposés à cette guerre, c’était, nous disait-on, au nom d’un anti-américanisme dont la tradition, en France, n’était plus à établir. Et cette tradition s’enrichissait, si l’on ose dire, d’une hostilité à une guerre livrée au nom de la défense d’Israël. Notre antiaméricanisme était donc lesté d’un antisionisme et, par voie de conséquence, d’un antisémitisme évident. Il faut le répéter aujourd’hui : ce délire logique a influencé les comportements des meilleurs esprits.
La « sacralité » d’Israël, analysée par Esther Benbassa, par Elisabeth Roudinesco et Charles Enderlin, a conduit à ce qu’Elie Barnavi appelle une « guerre confessionnelle » et que j’ai baptisée « théologique » dans mon livre « la Prison juive ». C’est au nom de cette sacralité que de grands esprits ont fini par se résigner à chanter la gloire des occupants israéliens des « Territoires » et à fermer les yeux sur les dommages collatéraux, les bavures et les crimes de cette occupation. Les « atlantistes » que j’ai stigmatisés n’ont sans doute jamais eu conscience d’avoir été, malgré eux et au nom des idéaux les plus élevés, complices des aventures aveugles et suicidaires de Sharon et de Bush. Si bien que je n’attends rien d’eux sauf, tout de même, qu’ils demeurent aussi pro-américains sous Obama qu’ils l’ont été sous Bush.
J.D.
Avec son habituelle élégance, finesse et subtilité, tout est dit. La France en s'opposant à la guerre contre l'Irak a averti les américains des dangers "collatéraux" que cette guerre allait occasionner notamment avec la montée du terrorisme et de l'extrémisme.
A t-on le droit aujourd'hui de stygmatiser l'Islam et de dire que l'Islam est une religion violente, pendant que les invasions de l'Irak et l'Afghanistan auront fait des millions de morts innocents et qui ne demandaient qu'à vivre LIBRES ET EN PAIX ?
Au Proche-Orient, "la PAIX C'EST MAINTENANT OU JAMAIS", merci de le dire trés fort, parce que à chaque fois que c'est un non juif qui le dit ou qui critique Israël dont les manoeuvres dilatoires pour repousser aux calendres grecques tout interminable "processus de paix" , il est taxé d'antisémitisme, voire d'intégrisme ou de terrorisme.
60 ans que ce conflit dure, presque une vie entière où ce conflit occupe nos mémoires et notre conscience. Que nous soyons juifs chrétiens ou musulmans, ne vivrons nous pas plus heureux dans un monde plus juste et ne couperons nous pas l'herbe sous les pieds de tout extémisme avec plus de justice. Et les palestiniens chrétiens, juifs ou musulmans en ont besoin aujourd'hui, demain, ce sera peut être trop tard.
Merci Jean Daniel
Avec mon amitié