J'ai parcouru le récent discours du Ministre Estrosi, Ministre de l'industrie, pour l'ouverture des assises de l'industrie.
Il y appelle à une grande ambition industrielle fer de lance de la sortie de crise.
La France a-t-elle un grand avenir industriel ?
Peut-on imaginer une économie dynamique sans industrie ?
A la première question, le Estrosi en veut un. A la seconde question, sa conviction est que non.
C'est vrai que c'est un débat que j'ai esquivé dans mon propos sur la stratégie économique française.
La France et l'industrie
Ni pour le passé, ni pour l'avenir, je ne crois pas à une France industrielle comme le sont les USA, le Japon, l'Allemagne. Nous n'avons pas ce talent.
Ne pas être comme l'Allemagne, ce n'est pas abandonner l'industrie. C'est construire des ambitions mesurées. Cette ambition, c'est de maintenir et développer l'excellence industrielle, non pas générale, mais dans plusieurs domaines.
L'excellence industrielle se conjugue avec R&D jusqu'au design et à la conception. Mais il n'y a pas un avenir massif pour les usines en France donc pour les ouvriers. On peut le regretter, je le regrette, mais je nous n'imagine pas rivaliser avec les salaires chinois ; seule une hyper mécanisation donc pas massivement d'ouvriers est concevables donc avec des techniciens de la haute technologie.
L'iphone de l'Américain Apple n'est pas fabriqué aux USA. Réussite industrielle ?
Alten et Altran sont une réussite française. Ce sont les deux plus gros cabinets conseil en innovation du monde. La France a ses talents.
La France reste un grand pays agricole. Mais il n'y a plus d'emplois en comparaison avec 1950 sauf peut-être comme fonctionnaire au ministère de l'Agriculture.
Quels emplois pour les ouvriers demain ?
Le BTP, le tourisme, le service à la personne, la santé, l'hôtellerie-restauration... pas pour les ouvriers demain mais pour leurs enfants aujourd'hui.
Services ou industrie ?
Le secret de la richesse (donc de l'emploi) n'est pas là.
Produire c'est bien, vendre c'est mieux. Produire et vendre c'est très bien.
Les gros commerçants, la grande distribution ont bâti leurs nombreuses fortunes en ne "produisant" rien. L'essentiel de la marge d'un produit chinois se fait ailleurs qu'en Chine.
Vente et économie présentielle
Les deux idées qui doivent toujours être présentes à l'esprit sont vente et économie présentielle.
Etre industrielle pourquoi pas. Mais exporter davantage nos bonnes réalisations, voilà un objectif oublié.
L'économie présentielle est ce qui se produit et se consomme sur place. Un exemple : le coiffeur. Il faut le favoriser. Ça s'exporte la coiffure ? Non mais le tourisme oui.
Oui à l'industrie.
Oui aux pôles d'excellence rassemblant usine, recherche, formation, employés et emplois.
Oui à l'innovation capitalistique, marketing ou technologique.
Oui à l'export.
Non à l'ambition d'un plein-emploi ouvrier industriel.
cajj
NB : j'ai classé cet article dans prise de position car ma réflexion est ici peu approfondie, peu fondée sur des faits objectifs, nombreux et incontestables. J'aimerais bien connaître les arguments qui fondent les sympathiques envolées d'Estrosi.