Tous les matins depuis une semaine j'arrive au feu rouge du pont de l'Alma à coté d'un couple sur une moto. Lui imposant, elle blottie contre lui, le regard dans le vague, un demi sourire, et la joue collée à son amant. Elle est là, ses cheveux blonds débordant du casque, au vent.
Elle me regarde comme ça avec son air de ne pas en vouloir plus. Juste calée sur son dos. Sans bouger. Un peu comme cette femme qui n'avait que les bras à ouvrir pour devenir mon horizon où sa tête en se balançant faisait la course du soleil.
Une femme amoureuse, c'est comme un homme amoureux au fond. Même si l'allure change, le sentiment de légèreté domine.
J'ai eu le bonheur d'être aimé.
J'ai vu dans le regard ce moment d'abandon, de lâcher prise. Ce n'est plus de la confiance, c'est de l'absolu. C'est le suicide de la conscience. Une forme de romantisme poussée à son abime. Attention, je ne parle pas de la guimauve et du rose, mais du sang et des larmes. De l'état de chiffon après l'amour... Le romantisme qui renvoie à son paroxysme, plus loin que les niaiseries. Des "suicide girls" aiment forcément plus.