En Allemagne, on compterait 7000 librairies et 14.000 éditeurs, avec un grand nombre de taille modeste, mais justement, sans prix unique, ces derniers ne pourraient pas s'en tirer, explique Gerd Gerlach, propriétaire d'une enseigne du nom du poète du XIXe siècle, Heinrch Heine. « Tout le monde en profite et pas seulement le lecteur. »
Selon les défenseurs d'une législation datant de plus de 120 ans, le marché rencontre moins de hoquets, parce que les éditeurs et les libraires ne sont pas contraints de rattraper les pertes subséquentes à de mauvaises ventes. Et surtout, la situation empêche le monopole pratiqué par un gros qui pourrait se permettre le luxe de réduction terrible. Pourtant, ce n'est pas faute de voir de ces acteurs tenter des coups de bélier dans la loi.
Pour exemple, Xavier Garambois, directeur de la filiale française d'Amazon a plusieurs fois exhorté les législateurs dans le pays à réviser la politique du prix unique du livre, en montrant que chez les Britanniques, l'édition a connu un boom après le milieu des années 90 et la fin de leur propre loi. D'ailleurs, la question des frais de port avait été au centre de cette politique du prix unique du livre, dans le procès contre le Syndicat de la Librairie Française.
La guerre des prix a lieu aux États-Unis, et plus que l'an dernier, les pratiques discounts de cette année semblent inquiéter les syndicats et acteurs du livre outre-Atlantique, et l'avènement du livre numérique ne manque pas de creuser encore plus les cernes que certains se font à passer des nuits blanches sur ces sujets.