L’Ostpolitik.

Par Bricabraque

C'est par ce terme que l'on désigne la politique d'ouverture vers l'Est menée par le chancelier social-démocrate ouest-allemand Willy Brandt à partir de 1969. Ce dernier entend améliorer les relations entre les deux Allemagne et rompt avec la politique inflexible de son prédécesseur, Konrad Adenauer. Cette politique est une manifestation de la détente en Europe. Elle se traduit par la signature d'une série de traités.

 

 Willy Brandt (1913-1992) fuit l'Allemagne en 1933 (il est alors militant des Jeunesses socialistes) pour la Norvège. De retour en Allemagne en 1947, il s'impose à la tête du Parti social-démocrate allemand (SPD) à partir de 1964. Depuis 1957, il est aussi le bourgmestre de Berlin-Ouest. Il devient chancelier en 1969 et mène alors sa politique d'ouverture à l'est. Il est contraint de démissionner en 1974 à la suite de l'affaire Guillaume (lorsque l'on découvre que son chef de cabinet est un agent de la Stasi).

* le 12 août 1970: le traité germano-soviétique de Moscou réaffirme le principe d'inviolabilité des frontières européennes, notamment la ligne Odeir-Neisse (frontière germano-polonaise).

* Un traité RFA/Pologne est signé à Varsovie le 7 décembre 1970. On y réaffirme l'inviolabilité de la ligne Oder-Neisse. Surtout, à cette occasion, Willy Brandt s'agenouille devant le monument élevé aux martyrs du ghetto juif de Varsovie. Ce geste symboliquement fort est largement médiatisé.

Le 8 décembre 1970 , Willy Brandt à genoux devant le monument aux morts du ghetto de Varsovie. C'est un geste de repentance de l'Allemagne à l'égard des Polonais et en particulier des Juifs.

* Au grand dam des autorités est-allemandes, la RFA obtient des garanties grâce à l'accord quadripartite sur Berlin de 1971. L'URSS s'engage à ne plus entraver la circulation entre la RFA et Berlin-ouest.

Pour autant et malgré ces accords et traités importants, les espoirs d'une réunification de l'Allemagne semblent encore bien lointains et hypothétiques à l'époque de Brandt. Ce dernier entreprend néanmoins des négociations avec la RDA afin de normaliser leurs relations des deux Etats allemands.

- Aussi le point d'orgue de cette politique de rapprochement avec l'est reste sans conteste le Traité fondamental de 1972 (Grundlagenvertrag). La RFA reconnaît la RDA comme un Etat souverain et s'engage à développer avec son voisin des “relations de bon voisinage sur la base de l'égalité des droits“. L'accord met fin à l'idée que seule la RFA représentait toute l'Allemagne. De nombreux pays occidentaux reconnaissent  la RDA à la suite de cette importante signature.

Les deux pays (RFA et RDA) sont admis à l'ONU en 1973.

- Enfin, le traité que signe la RFA avec la Tchécoslovquie le 11 décembre 1973 abroge les accords de Munich de 1938 et règle une fois pour toute la question des biens des Allemands des Sudètes expulsés en 1945.

Cette politique courageuse et volontariste valut à Brandt le Prix Nobel de la Paix en 1971.

Erich Honecker (RDA) et Helmut Schmidt (1975), le successeur de Willy Brandt, lors de la Conférence d'Helsinki, le 1er août 1975.