Après quelques instants suspendus, voici quelques fresh dans l'agenda, la playlist et les chroniques parues et à paraître dans Rif Raf ou www.rifraf.be ; enjoy!
Agenda:
- ce samedi 07-11: je mixe au Floreo Bar qui est situé entre la Java et le Booze'n'Blues! Dès 22H; par ailleurs ils organisent des jam sessions tous les jeudis! Faites passer le mot aux musicos!
http://floreo.be/
- 13-11 : Harsh Wardan & Sandip Banerjee : musique indienne (bansuri/tabla) @ art-base.be (c’est mon bansuri teacher ; il vient deux fois par an en Belgique, faut en profiter !)
- 14-11 : Hip-Hop Dance Contest @ Centre Culturel Jacques Franck + soirée Strictly Niceness @ la Bodega
- 19-11: China Blossom : young talents on pipa & zheng instruments @ MiM
- 24-11 : Karolina de la Serna : une voix de chez nous chantant du spanish folk (proche de Lhasa) @ la Samaritaine
- 03-12: The Fields @ Botanique
- 04-12 : Tony Allen : Afrobeat (ex Fela Kuti) + soirée Afro Heat @ Espace Senghor
Music/CD Reviews:
"Le Double":Sur cette toile tentaculaire et frénétique qu’est MySpace, il est encore quelques recoins où écouter une musique à l’écart de cette agitation insensée. Le Double a pris congé de Pentark où il tient les guitares pour voguer dans un projet solo aux contours folk. Depuis le temps semble s’être suspendu au-dessus de sa gratte : exit l’électricité, la brutalité et l’instrumental, ici, on se pose et on souffle. Tout en se tenant à une distance irréelle, Le Double observe avec acuité ses états d’esprit ou ceux de personnages imaginaires qu’il nous livre ici en quelques surprenantes mélodies. Elles vous donneront doucement le tournis sur ‘Should We’ ou vous maintiendront dans la torpeur d’un rêve éveillé avec ‘Amusing Interest’. Ces six titres transmettent un univers contemplatif tout à fait insoupçonné au vu du parcours du gaillard et ouvrent des horizons pour le moins prometteurs: on attend son album, 'Songs For Maggots' avec impatience! Ce sera pour janvier 2010; Stay tuned! (jd)
Karoline de la Serna
‘Traduzca’
Homerecords
Encore un fort bel album sorti chez Homerecords ! Une fois de plus, ils ont fédéré des artistes d’une originalité et d’un talent peu commun. Karoline de la Serna est une jeune chanteuse belge de formation classique qui, à travers cet album, redécouvre ses racines hispaniques. Ses compositions chantées en espagnol se laissent découvrir avec délectation sur un mode acoustique et des rythmes empruntant de façon très personnelle et moderne au flamenco, au jazz, au tango. Entourée d’un guitariste, d’un contrebassiste et d’un percussionniste, ses compositions sont d’une remarquable densité certainement grâce à sa voix mais aussi à l’inventivité sans faille de chacun des morceaux. Qu’elle soit plus méditative (‘Abertura’ intro surprenante dont les profondeurs et les inflexions vocales friseraient le Dead Can Dance !), enjouée (‘Feminidad’), mélancolique (‘Nosotros’), voire tragique (‘Dolor Mi Amor’), on trouve sur cet album une palette d’émotions insufflées par une voix et des harmonies qui vont vous mettre en mouvement, corps et âme ! Si l’univers du folk latin des débuts de Lhasa vous avait pris aux tripes, vous allez adorer ce ‘Traduzca’ ! Moins tourmenté toutefois, il vous emmènera plus vers un retour à soi qui semble être le leitmotiv de la chanteuse. (jd)
Tinariwen
‘Imidiwan’
Independiente/PIAS
Au-delà de la quatrième sortie internationale pour ces musiciens touaregs, rappelons que Tinariwen est avant tout une famille élargie de musiciens qui ont incorporé les guitares électriques et une énergie rock dans leurs chants traditionnels. À l’origine musique de résistance lors de la rébellion touarègue contre l’armée malienne, elle s’est muée en musique de survivance d’une culture de plus en plus érodée par la modernité sous toutes ses formes. Ce nouvel album est l’un des avatars de l’activisme culturel dont fait preuve cette communauté touarègue, le Festival au désert ou la fondation « Amnès Afoud » (maison du blues à Tombouctou destinée à faire émerger les musiciens locaux) en sont des autres. Toujours aussi mystérieux et hypnotiques, les titres de cette galette ont été enregistrés en plein désert, à Tessalit situé à quelques centaines de kilomètres de Tombouctou, là où les Touaregs se sentent vraiment chez eux. L’idée est de retourner à l’inspiration et le son brut qu’on entendait sur leur premier CD, ‘The Radio Tisdas Sessions’ et le résultat est on ne peut plus convaincant. Bien sûr l’effet de surprise ne joue plus tout à fait, mais pour qui aime se laisse aller aux longues errances en des lieux mystiques et arides, ‘Imidiwan’, qui signifie « compagnon de voyage » en tamashek, ne manquera pas de les captiver cette fois encore. (jd)
Izïa
‘Back In Town’
AZ/Universal Music France
Bonne nouvelle, on a trouvé quelqu’un pour reformer White Stripes dès que Jack White sera mort (ce qui ne saurait tarder puisqu’il est si calé en clichés rock’n’roll). Ou, à tout le moins pour lui voler la vedette dans un duo sur ‘Jolene’. Et comme il se doit, c’est une donzelle ; elle s’appelle Izïa, doit avoir dans la petite vingtaine, est française, fille de Jacques Higelin et sœur d’Arthur H par la même occasion. Si les titres de ce premier album, qu’elle cosigne avec ses musiciens, ne sont pas d’une originalité folle, ils sont fort bien construits dans le genre rock basique, classique ou punky. La section rythmique en fait des tonnes, mais elle déferle avec une telle vélocité qu’il ne vous faudra pas quelques dizaines de secondes pour vous prendre pour un pro dans un air guitar contest. Et c’est comme ça sur chaque morceau… ça fait sacrément du bien par où ça passe (‘Hey Bitch’ évidemment putassier à souhait mais qui ravage bien !). Par-dessus tout, il faut reconnaître un bouillonnement viscéral et une sacrée férocité vocale chez cette fille, ce qui la place nettement au-dessus de ses consoeurs et confère à ce disque une crédibilité nettement supérieure à celle d’autres groupes français qui pataugent dans ce marché du rock censé être couillu. Gageons que la bravoure familiale saura la maintenir à l’écart des consensus (du genre prêter sa voix pour une reformation éphémère de Big Brother and the Holding Co!) et formatages de l’industrie et qu’elle poursuivra son chemin en dehors de toute balise, comme ses aînés. Elle en a la voix et le tempérament. (jd)
1060
‘Fortunella’
Piliginga Records/LC Music
Si chaque nouveau groupe devait se faire appeler par son code postal, on serait vite à court de nom, surtout dans une commune comme Saint-Gilles, d’où vient ce groupe… Pas grand mystère sur l’origine du groupe mais on l’a échappé belle, ça aurait pu être du Saint Quelqu’un (Etienne/André/Pierre et Paul etc.), ou du Montigny-sur-Sambre, du Portishead ou que sais-je. 1060 (oubliez les postiers et dites « ten-sixty », hein !) avait sorti l’an dernier le single ‘Wrinkles’ et nous propose ici son opus complet, soit superbes 14 titres d’essence nu-soul. S’ouvrant sur une boucle genre ‘I Heard It Through The Grapevine’, les déhanchements de ‘Money’ vont s’imposer avec évidence, de même que la voix chaude et tenace de Joy Simar. En compagnie de Renoar Hardi, elle signe un album dont l’atmosphère et les tempos rappellent souvent ceux de Jill Scott ou de la grande Erykah. À côté de ces titres-là, d’excellentes surprises proviennent de ‘Yeyeye’ et ‘Shilove’ dont les influences tropicales se fondent parfaitement dans cette album notamment grâce aux chœurs qui sont une des grandes forces de cohésion de cet album. Après ces chaloupements qui sentent bon les des îles, ‘Only Romeo’ est d’une sensualité redoutable et sur ‘Wings’ la bande ne rechigne pas à emballer un bon petit funk, confirmant son instrumentation parfaite et sa carrure de grand groupe. Même sur les 12 bars d’un blues ou quand je faisais mes factures, j’ai jamais vraiment su compter ; tant mieux car 1+0+6+0 s’approche pas loin du 10 pour moi… (jd)
&
Various
‘Ze 30/Ze Records 1979-2009’
Strut/PIAS
Strut Records est un label qui n’est jamais en mal d’idée pour nous faire (re) découvrir de la musique hors norme. Nous avions évoqué dans ces colonnes le concept « Inspiration-Information » qui avait débouché par exemple sur cette passionnante collaboration entre Mulatu Astatké et les Heliocentrics. Strut sort à présent une compilation dédiée au label new yorkais, Ze. Celui-ci fut fondé en 1979 par un Français, Michel Esteban et un Anglais Michael Zilkha et devint rapidement un phénomène de hype underground notamment pour avoir signé les pionniers du postpunk électronique, Suicide, la reine du disco trash, Cristina ou encore le jeune producteur aux dents longues, Kid Creole. C’est dire si l’univers qu’ils arrivèrent à créer avait quelque chose de hautement alternatif et festif à la fois. Pour fêter les 30 ans du label, Strut nous présente ici les titres qui furent parmi les plus influents à l’époque et de nos jours. On retrouve évidemment Suicide et Alan Vega en solo, mais également quelques perles de disco glacées par ces sons début 80’ (Was (Not Was), Material) qui allaient pourtant devenir si moches quelques années plus tard… Kid Creole y va d’un ‘Something Wrong In Paradise’ qu’on qualifierait de tropical à présent et se retrouve derrière d’autres titres éminemment dansants tels que ‘Deputy Of Love’ ou le ‘French Boys’ de Garçons. Quant à James White & the Blacks, il donne une leçon de punk discoïde aux morveux de notre époque qui seraient tentés de sa la raconter. Bref, quelle ville fut la plus indiquée pour croiser les espèces post punk et disco ? Je finis par me dire qu’il y avait quand même des choses intéressantes dans la musique des 80’ et que c’est principalement à New York que ça devait se passer ! And the beat goes on…(jd)
Playlist: