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Nightwatch : pollution nocturne

Par Cineblogywood @Cineblogywood
Nightwatch : pollution nocturneEn DVD et Blu-ray : J'ai décidé hier soir de célébrer la chute du mur en regardant un film de l'Est. J'aurais pu choisir Poudovkine, Volkoff ou Eisenstein mais j'ai préféré opter pour le réalisateur ex-communiste qui avait déjà dirigé Angelina Jolie, comme si réussir à faire tourner une grue garantissait la maîtrise d'un chantier. Sachant que je n'ai écrit ce post que pour placer cette vanne, je pourrais m'arrêter là... Mais comme je suis sans doute le seul à la trouver hilarante (ce qui est déjà pas mal, Patrick Timsit peut en témoigner), je vais vous parler de Nochnoy Dozor, autrement dit Nightwatch.
Avant de réaliser Wanted, Timur Bekmambetov - prononcez Timur Bekmambetov - avait en effet gagné ses galons de réalisateur exportable en adaptant une saga russe d'héroïc fantasy. Le succès fut au rendez-vous et une suite, Daywatch, fut tourné un an plus tard.
Un scénar en noir et blanc
Le pitch est en apparence très simple : le bien contre le mal que le meilleur gagne, et c'est bien souvent celui auquel on pense. C'était toutefois sans compter sur l'imagination moscovite, décidément débordante depuis que la pomme de terre est distillée, puisque le bien devient la lumière et le mal, la nuit. Le cas du crépuscule n'est pas traité mais je suppute que le jour déclinant doit indiquer qu'il est bientôt l'heure d'aller dormir. Bref, depuis le moyen-âge, les deux factions tentent de maintenir un équilibre constamment mis à mal par le dilettantisme des "autres", des êtres non encore déterminés mais dotés de pouvoirs spéciaux qui rendent cruciale leur appartenance à l'un ou l'autre des clans.

Les brigades d'interventions de la lumière, les nightwatch, et de l'ombre, les daywatch, s'assurent donc que ces "autres" soient répartis équitablement dans les 2 camps. Quant au spectateur, moi en l'occurrence, il assiste impuissant à cette guéguerre d'ampoulés avec l'espoir que le disjoncteur fasse son office une fois qu'il aura branché tous les appareils électriques dans son appartement. En attendant, il reste hébété sur son canapé et maintient son chat, rendu fou par les éclairs stroboscopiques d'un manichéisme de supermarché, plaqué au sol.
Les Bratisla Boys
Timur Bekmambetov est considéré comme le Ridley Scott russe. Avec Nightwatch, il est assurément plus proche de GI Jane que de Gladiator. Et encore, GI Jane sans Demi Moore mais avec Tori Spelling, l'aspect le plus saillant du film se trouvant en effet dans les trognes des acteurs taillées à la serpe et sculptées au marteau. Avec une mention spéciale pour Zavulon, le méchant de l'histoire, qui en plus d'avoir un nom sorti tout droit d'une série animée à la Pollux se paie une couleur argentée sur un brushing digne de la coupe éco chez Franck Provost. Il serait presque drôle s'il n'avait pas été aussi pathétique.
Il va sans dire que tous ces représentants de l'âme fière et droite de la Russie éternelle essayent désespérément de passer à l'Ouest en offrant des prestations mémorables. Malheureusement ils sont desservis par une mise en scène dans laquelle l'artifice corrompt sans cesse l'intrigue. Et que j'te fais tourbillonner des corbeaux, et que je rajoute des ralentis improbables... Et pis tiens, lui là le grand au second plan, on va lui mettre les yeux rouges, chais pas pourquoi mais on s'en fout. C'est bien simple, on se croirait dans un clip des Bratisla Boys, l'humour en moins.
Vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé le film. Ce qui ne m'empêchera pas de regarder la suite et d'attendre le troisième volet une fois que Timur aura été expulsé d'Hollywood (il n'a plus qu'à rater son Moby Dick...). C'est l'avantage depuis que le mur est tombé, les passages ne sont plus définitifs.
Mon conseil : regardez MTV en coupant le son, mettez les chœurs de l'armée rouge en fond, vous aurez a peu de chose près les mêmes sensations que devant Nightwatch.

Sentenza

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