Notre lumineux ministre de l’Immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, digne successeur de l’homme qui s’accommode fort bien de l’Auvergnat solitaire mais craint les natifs ( ?) de l’Auvergne lorsqu’ils sont nombreux, vient donc de lancer un grand débat sur l’identité nationale. Il est vrai que, par les temps de crise que nous traversons, une telle réflexion est salutaire et surtout prioritaire.
Le roi fainéant Chilpéric, qui me fait le plaisir d’enrichir ce blog par ses commentaires, vient de nous signaler que sa contribution à ce débat avait été censurée. Elle était pourtant l’expression du bon sens même. Il est un document attestant qu’une personne dispose de l’identité nationale, c’est, comme son nom l’indique, la carte nationale d’identité. Donc, le symbole majuscule de l’identité nationale, c’est la CNI. Qui l’a, est français et reconnu comme adhérant à tout ce qui fait notre identité. Celui qui ne l’a pas n’appartient pas à notre communauté, que dis-je, étant donnée la devise de notre République, à notre fraternité d’hommes libres et égaux, même si certains ne sont pas libres de trouver un travail et si d’autres, ou les mêmes, sont un peu moins égaux que ceux mieux dotés.
Détrompez-vous d’ailleurs. De nombreux détenteurs de cette belle CNI se sont vu demander, lors d’un renouvellement de ladite carte, de prouver leur nationalité française. Ceci concernait, entre autres, des personnes nées à l’étranger ou de personnes nées par exemple en Algérie, certaines d’entre elles pouvant en outre avoir l’infortune de porter un nom de consonance juive. Maintenant que tous ces fraudeurs potentiels ont bien pu justifier de leur qualité de Français, ou, du moins espérons-le, plus aucun doute n’est plus permis : l’identité nationale est tout entière contenue dans la CNI.
La mésaventure que nous relatait Chilpéric n’est pas isolée. Sur Canal+, dans l’émission l’Edition spéciale d’aujourd’hui, les journalistes nous ont montré trois contributions qu’ils avaient apportées à ce grandissime débat. L’une était tout à la gloire de notre bien-aimé souverain, deux autres nuançaient un peu leur appréciation en évoquant je ne sais quelle affaire teintée de népotisme. Eh bien, seule la première a été publiée, les deux autres n’ont pu franchir une mystérieuse barrière veillant jalousement à la salubrité et à la sincérité de ce débat.
Il y a là une idée à creuser. On pourrait étendre cette pratique à d’autres consultations. Lors des scrutins, par exemple, il suffirait d’écarter tout bulletin comportant le nom de tout autre candidat que celui de la majorité pour perpétuer la merveilleuse république que nous connaissons depuis trente mois. De plus, grâce à l’étonnante loi Hadopi destinée à protéger les intérêts de Johnny et Carla, tout est prêt pour revenir aux belles pratiques des plébiscites de Napoléon le petit et faire disparaître le secret du vote.