La filmographie de Jim Jarmusch est semée de passerelles, qu’il jette plus ou moins consciemment d’un film à l’autre, retrouvant ses personnages faussement affublés de nouvelles dégaines. Les mêmes thématiques sur l’errance, le vagabondage, la désillusion leur demeurent attachées.
Le comédien John Lurie, plutôt discret aujourd’hui, donne le ton de cette diaspora . Paumé dans « Permanent Vacation», exilé pour « Stranger Than Paradise », prisonnier avec « Down by Law », l’homme vagabonde dans sa tête, solitaire au milieu de l’humanité tout entière.
Dans ce film tourné en 1986, Tom Waits et Robert Benigni, déjà pierrot lunaire, dessinent le même profil. On les retrouve dans « Coffee and cigarettes » comme si on ne s’était jamais quittés. Les films de Jim Jarmusch ne s’arrêtent jamais.
« Down by Law» est à ce titre exemplaire. Jack et Zack sont en prison par manque de chance. Ils sont innocents, et les voici confrontés à un troisième individu qui avoue froidement le meurtre d’un homme. Roberto a pourtant tout de la bonne poire.
Ce trio a certainement fréquenté le jeune Parker de « Permanent Vacation » en proie à des rencontres inhabituelles pour quelqu’un qui se veut ordinaire dans un quotidien banal. Ces mêmes hommes rêvent de la même évasion, du même soleil de Floride.
Malgré la tonalité ambiante, le cinéma de Jim Jarmusch est plutôt rassurant. On est en famille. Au milieu des ennuis et des difficultés, les tranches de rigolade sont énormes ! Agoni d’injures par la femme qu’il délaisse, Tom Waits ne réagit pas,sauf quand elle ose mettre les mains sur ses boots. Le sacrilège est magnifique. J’adore ce genre de scène.A l’image de l’évasion grand-guignolesque : une fuite improvisée dans le bayou, mémorable.
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