Max Ophuls

Par Gicquel

Coffret Max Ophüls ( Gaumont )

Sortie le 27 octobre

Dans sa longue et douloureuse  carrière, Max Ophüls n’a réalisé qu’une vingtaine de films. D’origine allemande, il dut fuir le nazisme  , en raison de son appartenance juive. Quand la seconde guerre mondiale éclate il quitte la France pour les USA . Il y réalise le célèbre «  Lettre d’une inconnue » (Letter from an Unknown Woman), en 1948.

Deux ans plus tard,de retour dans son pays d’adoption  Ophüls  signe ses derniers films . Des chefs d’œuvre où figure toute  la thématique du cinéaste .

Moraliste Max Ophuls, a souvent dépeint des femmes confrontées à une société cruelle et perverse. « La Ronde », « Le Plaisir» et « Madame de…» en témoignent . Des sujets éternels comme le désir sans l’amour, le plaisir sans l’amour, l’amour sans réciprocité .

Si « Lola Montès» n’échappe pas à la règle, ce film réalisé en 1955 , avec Martine Carol et Peter Ustinov est un échec qui conduit les producteurs à revoir  la copie , malgré Ophüls  et la Nouvelle vague qui s’indigne du procédé.

Depuis,  le temps a fait  son œuvre, la version originale a été rétablie l’an passé  . Martine Carol resplendit à nouveau, même en noir et blanc .

Son actrice fétiche demeure Danielle Darrieux
qui s’illustre dans  « Madame de… » (1953) . Elle donne la réplique , à un certain Vittorio de Sica dans une rocambolesque aventure . La dame en question a revendu des bijoux offerts par son mari , qui les rachète, les offre à sa maîtresse, qui les revend… C’est absolument ahurissant ( dialogues de Marcel Achard) surtout que le réalisateur fustige à la fois la bourgeoisie , les femmes et les hommes qui les accompagnent .

On revient ainsi aux fondamentaux du réalisateur sur la pureté des femmes , qui s’accompagne le plus souvent d’ une certaine frivolité , pour ne pas dire d’ une grande naïveté, alors que la  cruauté, et la violence des hommes  ne font pas un pli.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si  la société , sous ses dehors brillants,  est ici dénoncée à travers la domination des grands , les réminiscences d’un passé douloureux ne sont pas exclues  . En 1932, Max Ophuls réalisait déjà une œuvre prémonitoire  «Liebelei»  histoire mélancolique et cruelle d’une midinette viennoise qui passe du rêve d’amour à la désillusion tragique.  A cette époque , le réalisateur s’apprêtait à quitter l’Allemagne prévoyant que le parti nazi n’était pas un rassemblement de boy-scouts.

Stanley Kubrick ou Jacques Demy ont toujours dit s’être beaucoup inspirés du cinéaste allemand  notamment pour l’emploi des grues et des chariots et des travellings assez inédits.  Jacques Demy a même dédié son premier film « Lola » à Max Ophüls , qu’il considérait comme son maître.
Incinéré au cimetière du Père Lachaise à Paris,en 1957 Max Ophuls  a eu un fils Marcel Ophüls, reconnu pour ses films documentaires . On le retrouve dans les suppléments qui racontent chacun des films et je peux vous dire que c’est plein d’enseignements, de surprises et de révélations cinématographiques.

Tous les collaborateurs de l’époque ( assistants, chefs opérateurs ….) y vont  de leur petit couplet dont  Claude Pinoteau qui évoque les répétitions d’un défilé militaire dans «  Lola Montès » et la jubilation d’Ophüls de voir ainsi passer et repasser devant sa caméra des soldats allemands… On a les revanches que l’on mérite.

49.99€ le coffret , quatre dvd