Jean Charest
Le Québec charestisé a perdu les pédales. Il n’a plus ni queue ni tête. Il est dirigé en dépit du bon sens, comme si la majorité devait se fondre dans la minorité et que cela était dans l’ordre des choses. Plus de langue, plus d’Histoire, plus de passé récent, plus d’identité. Le moule est canadien. On se coule dedans.
Pas d’enquête public sur l’argent des Québécois que l’on distribue comme des bonbons à l’Halloween, ce jour de l’année où on ose affronter la peur parce qu’on est costumés. Des accommodements à la pelle. Muets comme des carpes sur la langue. À cet effet, les partis de notre opposition fantoche n’ont rien trouvé de mieux à faire que de demander à ce qu’elle soit reconnue. Ainsi, le député de Borduas, M. Pierre Curzi, déposait, à la suite du jugement de la Cour suprême canadienne, la motion suivante : « Que l’Assemblée nationale du Québec réitère la position défendue par tous les gouvernements du Québec depuis l’adoption unanime de la loi n° 104 en 2002 et qu’elle dénonce la décision rendue par la Cour suprême du Canada, invalidant des dispositions de cette loi. » Les libéraux refusaient de l’appuyer.
De son côté, le Bloc souhaitait que la Charte de la langue française, en ce qui concerne la langue de travail, s’applique aux entreprises privées de juridiction fédérale sur le territoire du Québec, comme dans les secteurs financier, de l’aérospatiale ou des télécommunications. Les députés canadiens l’envoyaient balader.
La stratégie de nos fins politiciens se résume à demander, à se faire dire non et à faire la face longue, c’est ce qu’ils appellent « défendre les intérêts du Québec » et qui devrait leur rapporter des votes car leur objectif premier est de gagner des sièges pour s’asseoir dessus.
La seule manière de défendre les intérêts du Québec est d’en faire un pays. Or, comme disait la représentante de sa Majesté la reine à Ottawa à l’époque où elle était lectrice de nouvelles, « l’indépendance, ça se prend ». Un monde sépare « demander » et « prendre ». Par ailleurs, en ce qui a trait au Québec, « reprendre » serait plus juste.
Il est des moments dans la vie d’un peuple où il ne peut se contenter de jouer les modèles de vertu en montrant patte blanche et gants blancs. Nous savons que le Canada vise notre franco-minorisation comme il a réussi celle des Canadiens-français. Il est utopique de croire que tout se décide à la veille d’une élection. Tout se joue tous les jours. Nous avons la preuve que le Canada n’est pas de notre bord et qu’il ne le sera jamais. Il est temps de lui tourner le dos.
Le fruit est mûr. Ne le laissons pas pourrir.