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Renaudot : Un prix vaut bien un dîner

Par Albrizzi

La saison des prix littéraires a ouvert le bal avec le prix Goncourt et le prix Renaudot, décernés lundi 2 novembre à Marie Ndiaye et Frédéric Beigbeder.

A l’hôtel Lutetia, le salon présidentiel était dans la soirée le théâtre des réjouissances de l’écurie Grasset. Olivier Nora, pdg de Grasset et depuis mars dernier de Fayard, accompagné de l’éditeur de Frédéric Beigbeder, Manuel Carcassonne, — également directeur général adjoint de la maison — avaient convié une petite centaine de personnes pour fêter leur champion. Comment se passe une soirée littéraire ?

Parcours fléché.

Tout commence à 12h45, lorsque au restaurant Drouant, l’Académie Goncourt désigne ses lauréats (roman, essai et poche, le dernier né de cette année). Dans l’après-midi, une attachée de presse me passe un coup de téléphone. Bingo, j'ai tiré le bon numéro; comme au loto, je me sens un peu la gagnante d’un jeu de la Française des Jeux lorsque je l’entends me convier le plus gentiment du monde à un cocktail chez Grasset puis à un dîner dans un des hôtels les plus littéraires de la capitale.

20h45 : j’arrive avec, croyais-je, un bon quart d’heure de retard. Que nenni ! L'adage selon lequel les Parisiens sont toujours en retard et que cela ne se fait pas d’arriver à l’heure à un diner se vérifie. Nous sommes à peine une quinzaine à tenter de réchauffer cette immense salle où sont dressées des tables rondes. On se croirait au mariage d’un cousin éloigné. Tout le monde est encore à la messe ou au vin d’honneur.

21h30 : la presque totalité des invités sont arrivés. Il faut se faire une raison : ceux qui ne sont pas là ne viendront plus. Frédéric Beigbeder peut faire son entrée triomphale ; pas de holà ni de hourra. L’ambiance est très soft, un peu coincée disons-le, journalistes et éditeurs sont sur leur quant à soi. Cela manque de San Pellegrino.

21h45 : nous passons à table. Georges-Olivier Châteaureynaud, l’un des jurés du Renaudot, me fait face, et converse avec Serge Bramly. Un peu plus loin, Jean-Christophe Buisson du Figaro magazine discute des favelas et des cartels de la drogue avec Christophe Rioux (auteur chez Flammarion) qui revient du Brésil. A une autre table j’aperçois Christine Rousseau du Monde des Livres, Karine Papillaud pour 20 minutes, Patrick Besson — également membre du jury Renaudot—, les éditeurs Jean-Paul Enthoven et Charles Dantzig… Une escouade de serveurs se déploie entre les tables pour nous apporter notre entrée, mélange de crabe et d’avocat, suivi d’un risotto au poisson puis d’un riz au lait aux myrtilles en dessert. Le spectacle n’est pas dans l’assiette, mais bien dans la salle, où une superbe jeune femme longiligne passe entre les tables avec une grâce de libellule, cheveux au vent ; c’est me dit-on la fiancée de Frédéric. A la droite du père, nous avons la fille, Chloé. En tant que personnage à part entière du roman, elle a, ce soir, toute sa place avec les grands. En voyant son père passer sa main dans ses cheveux et la couver du regard, je me dis que je tiens là le vrai scoop de la soirée : plus rien d’autre n’existe pour l’écrivain angoissé désangoissé. Un ange passe…

Dans la famille Beigbeder, je demande également le frère, Charles, autre protagoniste important d’Un roman français. Frédéric Beigbeder ouvre son livre avec la remise de sa légion d’honneur par le président de la République Nicolas Sarkozy en avril 2008. Depuis deux jours, tout le net se fait l’écho de sa nouvelle carrière : après les affaires, la politique. Lors des prochaines élections régionales de mars 2010 à Paris, l’ancien patron de Poweo et membre du conseil exécutif du Medef devrait figurer en deuxième position de la liste UMP derrière la secrétaire d'Etat à l'environnement, Chantal Jouanno.

Entre le crabe et le risotto, apparition du magicien Edouard Baer. Surprise, la porte s’ouvre, je vois un homme entrer d’un pas gai et décidé, la mine réjouie, mais oui c’est bien lui, François Bayrou se précipite pour embrasser le lauréat. L’écrivain et l’homme politique partagent leurs origines béarnaises… au point de devenir les meilleurs amis du monde ? Je suis trop loin pour entendre ce qu’ils se disent ! Ariel Wizman, Colombe Schneck, Eliette Abecassis, Jean-Pierre Mocky, Christophe Ono-dit-Biot, rédacteur-en-chef du Point, arriveront un peu plus tard pour saluer à leur tour l’heureux élu. Tous ont hâte d’aller danser. Sur chaque table, un exemplaire du livre Un roman français. Au cas où on ne l’aurait pas encore lu ? Il serait temps.

Minuit va sonner je file !


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