Ah, ils voulaient l'ouvrir ? Eh bien ils ne seront manifestement pas déçus : la fosse où était supposément enterré le poète Frederico Garcia Lorca, avec 4000 autres opposants assassinés durant la guerre civile espagnole, révèle plus qu'attendu. Depuis la semaine dernière que l'équipe creuse, près d'une demi-douzaine de personnes ont été exhumées, avec non loin, une grande tente blanche pour empêcher les médias de s'approcher.
« Il se trouve tant de corps ici que des pins furent plantés pour qu'ils ne soient pas découverts en cas de pluies trop intenses », explique le professeur Juan Antonio Lopez Diaz de l'université de Grenade. Des exécutions illégales, arbitraires, l'époque de Franco en a connu son lot.
Mais finalement, que le corps de Lorca soit retrouvé ou non, c'est l'Espagne qui va finalement mettre les mains dans un des bourbiers les plus sombres de son Histoire.
Durant cette période, près de 120.000 républicains furent tués : pour nombre de personnes, cette entreprise qui va exhumer le corps d'un poète devrait aussi ramener à la surface des corps d'anonymes qui sont autant de personnes manquantes dans une famille, de disparus, ou desaparecidos, comme précise le professeur. Un terme qui est apparu chez eux bien avant qu'il ne soit « célèbre dans les dictatures sud-américaines des années 70 ».
Depuis jeudi dernier, l'exhumation a commencé, et les opinions sur place divergent. Comment accepter que le cadavre du poète intéresse plus que son oeuvre ? Un guide affirmait : « L'ouverture d'une fosse ne sert qu'à une seule chose : démontrer qu'il y a eu un génocide en Espagne que l'Europe doit reconnaître en tant que tel. »
Un pan d'Histoire revivra, avec ou sans Frédérico.