Chaque pas doit être un but, c'est plus qu'une ligne de conduite : un véritable programme politique. Amusant, c'est surtout le titre du livre de Jacques Chirac, des mémoires particulièrement attendues, dans lesquelles le président fait un tour d'horizon des politiques français.
On y évoque un Giscard « à la rancune tenace et inépuisable », un Balladur, « calculateur et froid ». Rival en 95, Chirac ajoute : « Je n'aurai jamais d'explication d'homme à homme avec Édouard Balladur. Je ne l'ai d'ailleurs pas cherchée ». Et quid d'un Sarkozy, au caractère « nerveux, empressé, avide d'agir », a toujours « cette volonté qui ne l'a pas quitté de se rendre indispensable, d'être toujours là, nerveux, empressé, avide d'agir et se distinguant par un sens indéniable de la communication ».
C'est à François Mitterrand que va toute son estime - du moins pour ce premier tome. Chirac lui reconnaît une approche « d'une finesse de jugement et d'une intelligence tactique rare ». « Son amour de la France est indiscutable... Salut l'artiste, m'est-il arrivé de penser en assistant à quelques-unes de ses prestations. »
Avec un tirage de 230.000 exemplaires, qui fait de ce titre un potentiel best-seller, l'ouvrage ne devrait pourtant être disponible en librairie que le jeudi 5 novembre. Et c'est complètement sans cigarette que le président apparaît sur la couverture, raison d'un possible retard de diffusion.
Mais il semble que quelques fuites aient eu lieu dans des boutiques, puisque l'animateur de Canal +, Bruc Toussaint, s'était retrouvé avec le titre dans les mains, trouvé dans un magasin de Loire-Atlantique. « J'étais en train d'acheter les journaux dans une librairie en Loire-Atlantique. Et mon regard tombe sur ce livre. Je le reconnais tout de suite. Je suis resté stupéfait ! » Bilan des courses, on bascule l'émission L' Édition spéciale sur le sujet. Et c'est l'éditeur Nil qui se retrouve le bec dans l'eau dans son plan de promotion du livre.
En parallèle, c'est la guerre des bonnes feuilles, ces extraits du livre que Le Parisien, Le Point et tout le monde finit par publier. Et c'est d'autant plus désagréable que le président en met plein les dents, avec des réflexions bien senties, comme nous avons pu le voir. Le Point devait en avoir l'exclusivité, mais depuis que Le Parisien a lancé les informations, rien ne va plus.
Sauf probablement le président, qui doit sourire doucement...