Rien ne va plus à l'UMP. Sur les murs lézardés de la maison bleue, on s'y projète des films d'amour vache. Un jour, c'est Le cave se rebiffe avec Raffarin dans le rôle titre à la tête d'une horde (pas vraiment) sauvage de 24 sénateurs de la majorité qui refuse de voter la suppression de la taxe professionnelle. Quand on sait que Little big man tient comme à la prunelle de ses yeux à cette réforme en trompe l'oeil aussi stupide que bâclée, on se dit qu'il y a du rififi chez les hommes du côté du parti gouvernemental.
Ce n'est pas encore panique à bord mais y'a du mouron à se faire pour le gros Bertrand, l'ancien assureur mielleux qui est sensé tenir ses troupes d'élite. D'autant que son meilleur ennemi, Jean-François Copé en remet fielleusement une couche en affirmant “comprendre parfaitement” les états d’âme des frondeurs de la rue de Vaugirard. D'une manière générale, l'entente cordiale entre le chantre de la coproduction législative et le servile secrétaire général de l'UMP a du plomb dans l'aile. Chaque jour, ils nous rejouent Duel au soleil sur tous les thèmes et sur tous les tons.
Le sémillant Copé se gausse entre autres de l'ubuesque rapprochement entre l'UMP et le PC chinois. Pis, il reproche ni plus ni moins à Bertrand de “prendre les députés en otage” quand ce dernier, selon un principe déjà bien rodé qui consiste à annuler un vote quand il n'est pas dans la ligne du parti, souhaite que le Sénat “revienne sur l'amendement” relatif à la suppression des avantages fiscaux des sportifs de haut niveau.
Une requête qui doit faire plaisir à l'enquiquineuse de service, Rama Yade, qui a rué dans les brancarts à l'annonce du dit-vote provoquant ainsi le courroux de Nadine “Castafiore” Morano. La pasionaria mosellane a alors sorti l'artillerie lourde pour tancer la folle ingénue. ”On se tait ou l'on s'en va” a-t-elle lancé à l'encontre de la belle rebelle. Cette dernière a répondu par le mépris en refusant de “s'abaisser” au niveau de Nana la murène.
Drôle de drame comme on peut le voir auquel s'ajoutent, cerise sur les gâteux, la condamnation à la prison ferme de Charles Pasqua, le renvoi en correctionnel de Jacques Chirac et le procès Clearstream. La sortie imminente du livre du sacrifié sur l'autel de la Guadeloupe et de la Martinique réunies, le très charismatique Yves Jégo n’arrangera pas les choses. L'ouvrage s'appelle “15 mois et 15 jours entre faux et gentils et vrais méchants” et on y apprend entre autres que François Fillon serait un “faux gentil” qui “pour durer et construire son ambition“, traite mal ses ministres qu'il “use, méprise et lâche sans feuille de route, dans des situations difficiles“. Bonjour l’ambiance !
Ainsi donc, en cette automne 2009, il était une fois (presque) la révolution dans ce parti pourtant si godillot, qui, à défaut d’avoir la morale dans les chaussettes, avait déjà dû traîner les pieds à la fois dans l’affaire extrême-orientale du neveu Mitterrand comme dans celle, francilienne, du fils Sarkozy. A mi-mandat présidentiel, d’aucuns se demandent même s’il y a (encore) un pilote dans l’avion et si le messie de Neuilly va réellement s’occuper un jour des problèmes socio-économiques ou s’il va continuer à nous infliger son dispendieux cinéma…