Ça fait un bail que je ne vous ai pas fait partager une histoire de train. J’en ai une bien bonne à vous raconter. Ce matin, avec Pierre-O, on décide de prendre le Corail pour aller à notre réunion, à Orléans. De toute façon, je n’ai plus de voiture. Lui en a une, mais bon, on est écolos ou on l’est pas. D'une nature anxieuse, on prévoit large : arrivée à 12 h 20 pour un comité de pilotage 14 heures, « ça le fait ». Comme ça, on déjeune sur place, tranquilles.
Déjà, le train est resté bloqué trois-quarts d’heure entre Tours et Amboise à cause d’un défaut de signalisation. Après, comme prévu, il s’est arrêté dans toutes les gares. On arrive aux Aubrais, l’équivalent de Saint-Pierre-des-Corps pour les Orléanais. Le Corail repart. Pierre-O : « Il prend beaucoup de vitesse, pour un train qui va s’arrêter à Orléans, non ? » Et moi d’acquiescer, avant d’aviser la contrôleuse. Laquelle contrôleuse, écrasée sous sa casquette, nous avoue benoîtement qu’il y a eu un petit changement informatique sur les billets et qu’on est pas les seuls à en pâtir. Comprenez : « Vous filez droit sur Paris, les amis ».
Autrement dit, on avait attrapé le pompon, et on était bons pour un tour de manège gratuit.
Mais comme nous sommes chanceux, tenez-vous bien, nous avons gagné quinze minutes sur les trois-quarts d’heure de retard, donc nous sommes arrivés en avance à Austerlitz (l'estomac dans les talons) pour sauter dans un Corail qui, lui, partait dans l'autre sens, en retard, en raison d’un incident aux Aubrais (rien à voir avec notre incident à nous, bien sûr ; il en faut pour tout le monde). Vous avez suivi ou sauté du train en marche?
J'en termine : nous arrivons à Orléans avec seulement trois heures de retard. La prochaine fois, j’y vais à cheval avec un casque à pointe, en hommage à la Pucelle. Quant à Pierre-O, je lui ai conseillé le Segway (le gyropode, c'est son p'tit nom). Pour être certaine que, sur les deux, il y en ait au moins un qui arrive à bon port. Remonter la Loire à contre-courant ? Malheureusement, c’est trop crevant.
Photo : La gare de Perpignan, considérée comme le centre du monde par Salvador Dali, qui en a fait un tableau surréaliste. A la gare d'Orléans, ce matin, c'est la situation qui était surréaliste. A vous d'imaginer le tableau !