Les débats de sous préfecture que va organiser le ministre Eric Besson autour de l’identité nationale font mal à nombre de nos concitoyens et à ceux qui croient en l’universalité des valeurs de la République et en l’évolution de notre pacte social.
Débats qui ne devraient plus relever de la prérogative publique sauf lorsque sont remises en cause ces valeurs .
Après tant d’autres mais sans doute avec beaucoup plus de clairvoyance que les autres Michel Rocard vient, me semble t’il de ramener cette initiative à ce qu’elle est une imbécilité au mieux, une provocation au pire . Voici ses propos , voici enfin l’ouverture que l’on aime : l’ouverture vers l’autre ! l’ouverture d’esprit !
Cela ne me fait pas plaisir de rouvrir la conversation. Je trouve ça complètement imbécile. Il faut bien voir que cette logique de fabrication de la France se détruit si on la ferme. C’est une logique d’ouverture. La France se définit comme une sorte d’orgueil permanent. Moi je suis protestant. Cela veut dire que mes ancêtres sont considérés comme Français depuis ce jour mystérieux d’août 1789 où l’Assemblée constituante a fait citoyens français successivement les protestants, les juifs, les comédiens et les gens de couleur.
Dans l’idée d’arrêter ce mouvement de générosité, il y a quelque chose qui me choque. Parce qu’ouvrir le débat, c’est rechercher l’écriture d’une formalisation instantanée de la description de ce qu’est l’identité française. Or, elle a été dans l’histoire complètement évolutive. Et après tout, si on décide que c’est à la date du 3 août 1789 que s’arrête la fabrication de la France, moi je cesse d’être citoyen.
Michel Rocard