Le 5 octobre dernier, à Paris, dans son intervention lors de la présentation des équipes de France de ski, le patron du service des sports de France Télévisions, Daniel Bilalian n'a pas enfilé de gants : "Vous avez intérêt à briller parce que c'est à une heure (l'heure des retransmissions TV des Jeux Olympiques de Vancouver, ndlr) à laquelle on ne passe pas inaperçu surtout si on est mauvais. Si on est bon, ça va. Si on est mauvais ... ... Si vous devez vous planter, vous allez prendre plein pot. Je ne vous mets pas la pression. Sachez-le !"
L'annonce, teinté d'une once de l'humour rigide qui caractérise l'ex-présentateur des journaux de 13h et de 20h a laissé échapper des rires crispés de la salle ... La pression psychologique est déjà là ! Bien avant la neige et les premiers résultats.
Le discours de Bilalian n'est en réalité qu'un transfert de pression. A la base, c'est le groupe France Télévision qui a la pression : celle de diffuser les JO en "Prime Time", de 20h30 à 24h. Stopper la diffusion des programmes actuels, dont les audiences sont connues, pour faire table rase à la retransmission des Jeux Olympiques, dont les spectateurs sont très hypothétiques revient à plonger dans l'inconnu. Et ce plongeon n'est pas le bain préféré des grands groupes surtout à cette période de disette sur les financements publics comme publicitaires.
D'ailleurs, l'audience, est le souci majeur, exprimé dès l'ouverture des propos de Bilalian. Cela prouve qu'en réalité, ceux qui ont peur de se louper, ce ne sont pas les athlètes qui connaissent leurs forces comme leurs limites. Ceux qui ont peur de se planter, ce sont les acteurs de France Télévisions qui seront jugés par l'audimat. Et dans ce monde-là, il n'y a pas de limites ...
Y a t il un risque à diffuser des JO en Prime Time ? Non ! Les Jeux à une heure de grande écoute le soir, ce n'est pas une nouveauté : Los Angeles en 84, Atlanta en 96, Salt Lake en 2002 étaient en "prime".
Non et non. Hors considération des missions de service public, si France Télévisions ne croyait pas en les Jeux Olympiques, ils n'investiraient pas des millions dans les droits TV.
Non, non et non. On le sait, quelque soit le résultat, les Jeux Olympiques sont une aventure extraordinaire. Et l'aspect hors norme des Jeux fait que nos sportifs français (et françaises, bien sûr) se transcendent. Nous ont-ils déçus par le passé ? Fabrice Guy et les filles du biathlon à Albertville en 92, les relais biathlon à Lillehammer en 94, les combinés par équipe à Nagano en 98, les biathlètes et les fondeurs à Salt Lake City en 2002, Roddy, Florence, Vincent, Jason à Turin il y a 4 ans bientôt ... Pour ne citer qu'eux dans la grande famille du nordique.
Non, le "prime time" doit au contraire être un booster, une motivation supplémentaire pour se montrer, briller et s'afficher. Il n'y a pas de quoi en faire une maladie alors que les télévisions allemandes, autrichiennes, norvégiennes et autre s'en délectent.
France Télévisions peut dormir tranquille. Les Bleus n'iront pas à Vancouver pour admirer l'océan Pacifique et les montagnes enneigées. Dans chaque compétition, une équipe de guerriers partira le couteau entre les dents pour s'emparer de l'or de la banque ! Ils répondront présents et rapporteront des médailles ... s'il le faut. Car dans le texte, l'essentiel, c'est de participer !