Les espaces publicitaires sont à ce point délaissés que les annonceurs sont prêts à tout pour paraître originaux. Dernière (mauvaise) idée en date ? Des mouches ! Retour sur l’histoire d’un virage mal amorcé.
Un changement dans le monde de la publicité
Le net a bouleversé le paysage publicitaire mondial, obligeant les annonceurs à s’adapter à de nouveaux phénomènes et à suivre (plus ou moins bien) les nouvelles tendances.
Internet a tout d’abord connu un phénomène d’emballement, l’espace publicitaire y semblait sans limite, et un nouvel Eldorado se reflétait dans les yeux brillants des publicitaires. Oui mais voilà… les internautes, eux, voyaient surtout dans le web un paradis du tout gratuit, du libre, de la liberté d’expression, de la pensée dégagée de la publicité et des autres formes de persuasion plus ou moins subtiles qui pèsent sur le quotidien.
D’où le phénomène de banner blindness, l’aveuglement face aux bannières publicitaires. Les internautes, face à une page remplie de publicités, font tout simplement abstraction de celle-ci, pour se concentrer sur ce qui les intéresse réellement. Les publicités sont en effet à ce point standardisées qu’il n’est même pas besoin de les regarder pour les repérer, les apercevoir suffit à les ignorer.
Un autre phénomène a accompagné l’arrivée d’Internet, la migration des supports traditionnels (publicité et presse papier) vers le web. Ces deux médias n’ayant pas su utiliser Internet à leur avantage ont subi une chute spectaculaire de leur audience, donc des budgets publicitaires leur étant consacrés.
Une réaction dans le monde de la publicité ?
La réaction des pubards ne s’est pas faite attendre. Après avoir déversé des monceaux de publicités stupides, sans la moindre réflexion, à des prix exorbitants, vaguement insultantes pour créer le buzz, franchement irritantes à défaut d’être originales, les créatifs ont réalisé qu’il était peut-être temps de proposer une autre vision de la publicité.
Toutes les agences se sont alors targuées d’être plus originales, plus réfléchies, plus éthiques… plus tout, plus mieux pour faire simple. Mais comme les publicités avaient été discréditées aux yeux des internautes, des auditeurs des diverses radios, des téléspectateurs, des lecteurs de la presse écrite, il fallait trouver de nouveaux supports. Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, il était tout de même plus simple de changer d’espace publicitaire que de proposer des spots ou des bannières un tant soit peu créatifs.
On y arrive.
Aujourd’hui, donc, quelle est la dernière idée pour faire parler de soi ? Accrocher des bannières aux pattes des mouches ! À mi-chemin entre les avions tirant des banderoles publicitaires et la concrétisation du buzz (littéralement, le buzz est le bruit produit par un insecte volant), l’entreprise allemande Eichborn fait parler d’elle. L’important est là, quitte a paraître ridicule.
Eichborn donne surtout l’idée que l’on peut se faire de la publicité aujourd’hui : intrusive, agaçante, franchement dépréciative pour le public, légèrement malsaine, privilégiant la forme au fond parce que celui-ci est bien souvent absent…
Au royaume de la publicité, finalement, rien ne change.
Les mouches à pub en images :