Voyez, c'est ça le problème : autant son livre pouvait être touchant et appréciable, autant ses réactions sont forcément détestables : Frédéric Beigbeder a le don de plaire quelques minutes et de surtout s'acharner à tout saccager. Tout juste récompensé du Renaudot, voilà que le lauréat répand son fiel : « J'ai une pensée pour le procureur de Paris, à qui je dois beaucoup. Je n'aurais pas écrit ce livre si je n'avais pas été mis en garde à vue. Je remercie également les policiers du huitième arrondissement. » (Le Point)
Pour mémoire, c'est en sniffant de la cocaïne sur le capot d'une voiture qu'il s'est fait arrêter et incarcérer, ce qui a donné son Roman français. « Le Renaudot est la meilleure des drogues, vraiment je le conseille, c'est extrêmement agréable », ajoute alors le romancier. Qui n'a pas fini d'ailleurs de faire le mariole. À se demander si en lui donnant, ce Renaudot, on ne va pas s'en prendre pendant des semaines.
Parce que le pauvre confiait en plus à l'AFP qu'il avait très mal dormi hier soir, alors que ce matin il est « béat, muet ». Plutôt bavard pour un muet. Et justement un muet qui va pousser le bouchon un peu loin : « C'est un prix important, qui a été décerné au Voyage au bout de la nuit de Céline et aux Choses de Pérec, tous ces livres si beaux, si grands. Et là, me retrouver sur la même liste que ces gens-là... Je crois que je vais pleurer. »
Eh bien, comme les chats qui se cachent pour mourir, on aurait aimé finalement que cette sensibilité exacerbée ait la pudeur de ne pas s'afficher aussi bêtement. Si les enfants souhaitent en effet recevoir des médailles, il ne manquerait plus que le romancier se fasse décerner comme son frère au début du roman une Légion d'honneur.