Critique : Micmacs à tire-larigot (par Jango & Chewie)

Par Jango


Synopsis :

Une mine qui explose au coeur du désert marocain et, des années plus tard, une balle perdue qui vient se loger dans son cerveau... Bazil n'a pas beaucoup de chance avec les armes. La première l'a rendu orphelin, la deuxième peut le faire mourir subitement à tout instant. A sa sortie de l'hôpital, Bazil se retrouve à la rue. Par chance, ce doux rêveur, à l'inspiration débordante, est recueilli par une bande de truculents chiffonniers aux aspirations et aux talents aussi divers qu'inattendus, vivant dans une véritable caverne d'Ali-Baba : Remington, Calculette, Fracasse, Placard, la Môme Caoutchouc, Petit Pierre et Tambouille. Un jour, en passant devant deux bâtiments imposants, Bazil reconnaît le sigle des deux fabricants d'armes qui ont causé ses malheurs. Aidé par sa bande d'hurluberlus, il décide de se venger. Seuls contre tous, petits malins contre grands industriels cyniques, nos chiffonniers rejouent, avec une imagination et une fantaisie dignes de Bibi Fricotin et de Buster Keaton, le combat de David et Goliath...

Critique :
Le nouveau bébé de Jean Pierre Jeunet est ce qu'on peut appeler un film complètement anecdotique et sans aucun enjeu narratif, ce qui en fait évidemment une grosse déception.
Tout en restant agréable au fond, avec des petits détails du quotidien toujours amusants "à la Jeunet", une ambiance Parisienne surréaliste à la Amélie, et quelques personnages bien sympathiques (dont Yolande Moreau, Jean Pierre Marielle et Dominique Pinon), ce Micmac ne décolle jamais, tant l'histoire est brouillonne, sans intérêt ni progression dramatique.
Pire, Jeunet retrouvant ses tics visuels parfois bienvenus semble livrer une pâle copie de son propre univers (comme par exemple avec les choses que se remémore Bazil pour faire travailler son cerveau, qui ne servent à rien sauf à balancer des petites scénettes à la Amélie Poulain). Bien qu’il le revendique comme un clin d’oeil, le monsieur se cite lui-même en plaçant des affiches du film dans le film directement ce qui n’est pas sans interroger sur l’égo du réalisateur (que  pourtant nous apprécions beaucoup).
Le pitch de départ qui aurait pu se transformer en quête pour la justice par une bande de bras cassés débrouillards n'accouche que d'une succession de scènes peu trépidantes, où l'on ne saisit pas toujours les enjeux, avec des personnages qui ont un peu trop de matériel sophistiqué sous la main pour qu'on y croie.
Mais les plus gros faux pas sont sans doute les acteurs, Dany Boon et Julie Ferrier en tête, l'un transparent et sans charisme, l'autre sans talent d'actrice et exaspérante avec ses grimaces ridicules. Et mis à part les 3 acteurs cités ci dessus, tout le monde sur-joue et cabotine à outrance, en particulier Nicolas Marie. Là où avec l’histoire d’Amélie cela passait bien, voire très bien, ici, c’est un soufflé qui se dégonfle à la vitesse grand V et l’on aura finalement que très peu de sympathie envers cette bande qui le méritait pourtant grandement.


Comme le précise Jeunet à toutes ses conférences, pour réaliser un film, il emmagasine des idées qu’il place dans boite avant de tout ressortir ou presque dans le scénario. Ici plus que jamais, cette sensation d’avoir mis tout et n’importe quoi se fait ressentir. Pourtant, presque toutes les idées sont malignes, bien senties mais apparaissent tellement décousues d’une séquence à l’autre que tout cela fini par ressembler à un gros fourretout faisait plaisir à Jeunet.
Entre les séquences burlesques réussies (hommages au cinéma muet), les petits détails nous rappelant bien qu’on est dans un Jeunet et cette histoire décousue d’une triste simplicité, notre cœur ne sait que penser.
Visionné sans déplaisir particulier mais aussitôt oublié, Micmacs (...) constitue donc un film banal et anodin. On attendra un prochain projet avec plus d'envergure de la part de Jeunet... déçus.
Retour sur la présentation avant-première, mardi soir aux Halles


Venue post-projection, l’équipe du film est arrivée, JP Jeunet en tête. Omar, Yolande Moreau, Julie Ferrier et Michel Cremades. Rien de plus que ce qui avait été déjà dit lors de la Master Class Allociné n’a été dit donc je ne détaillerai point.
Ceci étant, le point d’orgue de la présentation fut incontestablement l’hommage singulier à Michael Jackson rendu par Julie Ferrier, Omar et Yolande Morreau (à la voix).

Un grand moment de fou rire...