Manque de généralistes, médecins de famille inaccessibles, longues heures d’attente (et de patience) pour se faire soigner… le système de santé québécois est grippé. Il manquerait 800 médecins de famille au Québec pour pouvoir répondre aux besoins de la population. Certaines zones rurales sont d’ailleurs devenues de véritables déserts médicaux. Face à cette situation critique, les citoyens ont, comme c’est souvent le cas dans la Belle Province, décidé de prendre les choses en main. C’est ainsi qu’une vingtaine de coopératives de santé a vu le jour un peu partout au Québec depuis 1996 et que quinze autres sont actuellement en phase de démarrage.
Le principe de la coopérative de santé est identique à celui des autres coop : elle appartient à ses membres (souvent de ‘simples’ citoyens), qui en ont acquis une part sociale et en assurent la gestion et l’administration. L’objectif pour les membres est de se doter d’un service de santé de proximité, mais la mission de la coop de santé va souvent au-delà. « Les coop offrent bien entendu des soins de première ligne, mais une grande partie d’entre elles proposent également des services de prévention à la santé » explique Benoît Caron, Directeur général de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec (FCSDSQ). Certaines coop offrent ainsi à leurs membres des ateliers de sensibilisation – à la nutrition ou au diabète, par exemple – et il n’est pas rare qu’ostéopathes, nutritionnistes, ou psychologues travaillent aux côtés des médecins généralistes. La coop devient ainsi « un carrefour de santé qui délivre de nombreux services curatifs et préventifs», indique Benoît Caron.
Patients responsables
Autre rôle positif assuré par la coop de santé : elle incite le citoyen-membre à devenir acteur de sa propre santé et de celle de sa communauté. Bref, elle responsabilise le patient… un argument qui séduit bon nombre de médecins qui préfèrent avoir affaire à un patient responsable plutôt qu’à un consommateur de soins. Enfin, selon le Directeur de la FCSDSQ, « les coopératives de santé contribuent à une meilleure répartition des médecins sur le territoire québécois, puisqu’elles les incitent à venir s’installer là où ils n’auraient pas été s’il n’y avait pas eu ce type d’infrastructures citoyennes ».
L’autre défi de taille pour les coopératives est d’attirer les médecins généralistes dans des zones rurales, ce qui là encore n’est pas évident. Enfin, comme toute entreprise, la coop de santé doit trouver des ressources financières et se doter d’un solide plan d’affaires pour assurer sa viabilité économique.
Pourtant, ces nombreux challenges ne semblent pas décourager les citoyens déterminés à mettre sur pieds des coop de santé pour leur communauté. Certains d’entre eux ont même décidé d’en développer en milieu urbain, à l’image des habitants du quartier montréalais de Villeray. Ces derniers travaillent depuis plus d’un an à la création d’une coopérative pour palier le manque de services de santé auquel sont confrontés les habitants du quartier : une première pour la métropole québécoise !
Pour ceux qui souhaitent écouter l’interview de M. Benoît Caron, Directeur général de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec (FCSDSQ), voici les mp3 sous forme de “3 Questions à” :
- Qu’est ce qu’une coopérative de santé ?
- En quoi une coop de santé est-elle une entreprise d’économie sociale ?
- Quels sont les défis d’avenir pour les coop de santé ?
Et pour aller plus loin…
- Accédez au portrait statistique des coopératives de santé réalisé par la FCSDSQ
- Découvrez la coop de santé Villeray en accédant à son blog et à un article qui lui est dédié.