Si "l'identité" a tous les caractères apparents de la simplicité, celles et ceux qui connaissent les principes d'une réflexion philosophique digne de ce nom savent qu'il s'agit d'une apparence. Si A est bien "égal" à lui-même, qu'est-il ? Une lettre française ? Non, une déclinaison et une réduction. Mais seulement une lettre . Non, un son, une voyelle, qui appartient au système musical d'une langue - une parmi les autres, une avec les autres, une grâce aux autres. La langue grecque a précédé, la langue latine également, et tant de langues ont offert quelques uns de leurs mots à "la langue française". LA langue française, n'est-ce pas aussi une affirmation avec un présupposé d'identité ? Mais QUELLE langue française ? Celle, du Moyen-âge, et laquelle ? Celle des seigneurs ? des troubadours ? Et puis après celle de l'administration royale de Louis XIV ? Ou celle de Molière ? Ou l'argot, une des langues populaires ? ... ? L'Académie est sans demos français, comme s'il était, le peuple, représenté par des immortels qui meurent si fréquemment... Et si malgré tout, on veut tant à faire exister "une langue française", est-elle unique, première ? LA langue mondiale ? Un certain narcissisme parisien aime répondre bêtement et sempiternellement : oui. Mais non. L'Italien est infiniment plus chantant et sensuel, le Japonais est comme une suite de vagues sur un grand souffle, et ainsi de suite. Parlant et pensant "en français", nous parlons une langue internationale, parce que accueillante, parce que celles et ceux qui ne la parlent pas tous les jours en aiment les penseurs et les auteurs, parce qu'elle nous ouvre les portes des autres langues et des autres. Le "bloc identitaire" historique de l'extrême-droite "identitaire" n'a pas suscité une seule oeuvre digne de ce nom qui fasse honneur à la France...