Une vaste étude mérite lecture : Pour la première fois le destin des enfants d’immigrés est étudié avec sérieux semble-t-il. Le sous-titre est à lui seul tout un programme , “le désenchaînement des générations” …
Elle montre leur ascension sociale par les études. Les auteurs ne se focalisent pas sur les « ghettos » ou les banlieues difficiles, seulement 20% y vivent ! Ils ne cherchent pas non plus à démontrer que tout est parfait dans le meilleur des mondes. Ils disent simplement, à la lumière de leurs études sérieuses, que l’intégration, « ça marche ».
Les « pauvres » quittant leur pays d’origine, à cause de cette pauvreté, pour essayer d’y échapper, ont tiré profit globalement de cette migration à la fois du désespoir et de l’espoir.
Très souvent démunis et peu éduqués, ils se sont retrouvés sur les mêmes rails que les prolétaires hexagonaux, pas plus mais pas moins. Leurs enfants ont connu la même mobilité sociale. Pas plus, mais pas moins. Les réussites éclatantes restent donc l’exception, mais existent.
Qu’ils soient bretons, basques, ou algériens ou … , leur sort sera similaire si leurs parents sont ouvriers. La classe sociale d’origine a plus d’importance que les origines. On pouvait le suspecter, c’est intéressant de le vérifier.
Les enfants d’immigrés auraient même tendance à mieux travailler que les autres. Les Asiatiques affichent les meilleurs résultats scolaires, très largement au-dessus des autres origines ethniques. Quand aux fils d’Africains, ils sont particulièrement nombreux en troisième cycle.
Plus l’immigré « pionnier » est installé de longue date, meilleurs sont ses enfants à l’école. Ce temps, cette durée, reste une donnée essentielle de l’intégration.
Les « pionniers » se sont déracinés dans l’espoir d’une vie meilleure. La seconde génération vit entre deux pays, celui des parents et celui de l’école. Enfin la troisième génération s’ancre sur la terre d’accueil.
Les auteurs de l’étude relèvent cependant «une difficulté spécifique aux enfants d’Algériens et aux descendants d’Africains». Ils quittent plus souvent le système scolaire, connaissent des parcours délinquants plus fréquents. Ces échecs minoritaires mais très visibles, obscurcissent la vision d’ensemble. Jusqu’à faire douter d’un modèle pourtant efficace.
Une étude, semble-t-il assez objective et scientifiquement menée, qui devrait être regardée avec beaucoup d’attention avant de proférer les banalités journalistiques habituelles. Sans doute demande-t-elle, comme toujours, une lecture critique mais elle semble échapper aux lieus communs.Les mêmes auteurs avaient également participé à un autre très bel ouvrage : ” L’enracinement : enquête sur le vieillissement des immigrés en France ” L’ouvrage jetait un regard au long cours sur les immigrés de France et livrait des éléments objectifs et des données précises dont on dispose assez peu en France.
«Le Destin des enfants d’immigrés», Stock.