Chronique du lundi 2 novembre 2009.
D’habitude les tournées de novembre profitent à l’équipe de France. Les matchs internationaux arrivent à un moment idéal pour les joueurs français qui sont à un pic de forme, encore sur la lancée de la préparation physique de l’été, et pas trop touchés à ce moment de la saison par l’accumulation des matchs, alors que leurs adversaires de l’hémisphère sud arrivent en fin de saison, avec une envie de vacances quelque part au fond de la tête. Le problème, c’est qu’au vu des matchs de ce week-end, on peut se poser la question de savoir si cet équilibre ne doit pas être remis en question. Explications.
Déjà des signes de fatigue en Top14 :
En regardant les matchs du week-end et notamment ceux concernant les équipes qualifiées en HCup, Toulouse, Paris, Clermont, Biarritz et Perpignan principalement, j’ai trouvé le niveau de jeu, ou plus exactement la volonté de la part des joueurs de produire du jeu, très faible. Que ce soit la 1ère mi-temps de Perpignan, la deuxième de Paris et Clermont, le match entier de Biarritz ainsi que les baisses de tension régulières de Toulouse, toutes ces équipes n’ont pas offert, c’est le moins que l’on puisse dire, un visage des plus engageant ce week-end. C’est la faute au Top14, diront certains. J’ai du mal à croire que, juste parce que l’on joue dans une compétition, d’un coup, le niveau de jeu de l’équipe tombe au plus bas. Quand on voit ce que ces mêmes équipes ont été capables de produire lors des 2 matchs de HCup pas plus tard qu’il y a 15 jours, il y a de quoi être surpris par la perte subite d’envie des joueurs.
A moins que la raison d’une telle performance soit à chercher du côté du physique et que, après avoir beaucoup donné lors des 2 matchs de HCup et après un début de saison déjà long, puisque commencé le 15 août pour les matchs et tout début juillet pour la préparation physique, les organismes des joueurs commencent à marquer le pas. Là, bien sûr, il faut faire une distinction entre les clubs engagés en Hcup, où les meilleurs joueurs étaient sur le pont, et les clubs engagés en Bouclier Européen, où les meilleurs ont pu se reposer et se préparer de la meilleur des manière pour préparer la période internationale. Le problème, c’est que le groupe de l’équipe de France contient 10 Toulousains, 5 joueurs du Stade Français, 4 Perpignanais et 3 pour les clubs de Clermont et Biarritz soit 25 joueurs sur 30. On sera content d’apprendre que les 2 Racingmen, les 2 Montpellierains et le Bayonnais pêtent le feu. Mais 5 sur 30, c’est loin d’être satisfaisant.
Marc Lièvremont a de quoi être inquiet au vu des matchs de ce week-end. Autant les 2 journées de confrontation européenne avaient montré de belles choses de la part des clubs français engagés en HCup, autant les dernières rencontres ont été plutôt inquiétantes. Or les choses ne risquent pas d’aller en s’arrangeant. Les joueurs seront à nouveau sur le pont dès jeudi soir pour des matchs à enjeu ( Toulouse doit gagner à domicile, Clermont se déplace à Castres pour déterminer qui est le dauphin de Perpignan qui reçoit Toulon, Biarritz doit à tout pris battre le Racing pour éviter un nouveau début de crise ). Peu d’entre eux seront au repos ce jeudi, avant de devoir se précipiter, dès le lendemain, sur Marcoussis pour avoir une semaine entière moins la récupération pour préparer le 1er test prévu le vendredi 13 contre l’Afrique du Sud. Tout cela ne garantit pas une forme optimale au moment de rentrer sur le terrain. Malheureusement…
Des adversaires qui devraient être dans le même état de fatigue physique :
La bonne nouvelle, parce qu’il y en a quand même une, c’est que nos adversaires ne devraient pas être au pic de leur forme, non plus. Les Sud-Africains seront sur la dernière ligne droite avant les vacances, dans une saison on ne peut plus longue et éprouvante qui les a vu affronter les Lions Britanniques avant de participer à un tri-nations à rallonge ( principe des triple confrontations ) et de, maintenant, venir en Europe alors que la Currie Cup s’est achevée ce week-end sur la victoire des Bulls sur les Cheethas, dans un match où les internationaux étaient, bien sûr, présents. Difficile de penser qu’ils seront encore une fois à leur meilleur niveau dans un jeu très usant qui utilise principalement, si ce n’est uniquement, le défi physique comme stratégie. Mais leur niveau physique était tellement au-dessus des autres cet été que, même diminué, cette équipe reste au-dessus des autres.
En ce qui concerne les All-Blacks, eux ont eu l’avantage de démarrer très doucement avec la plupart des joueurs cadres blessés en juin et de progressivement monter en puissance. Néanmoins, avant de jouer la France, ils auront affronté l’Australie, ce week-end à Tokyo, le Pays de Galles puis l’Italie et l’Angleterre avant de se rendre à Marseille pour ce qui sera le dernier match de leur saison. Difficile de penser, là aussi, que les joueurs néo-zélandais n’auront pas une petite pensée pour les vacances qui les attendent au moment de préparer la rencontre contre la France.
Pour les Samoas, le problème n’est bien sûr pas le même. Espérons que, à part le capitaine Thierry Dusautoir, la plupart des joueurs qui auront affronté l’Afrique du Sud la semaine précédente seront mis au repos en vue du dernier test contre la Nouvelle Zélande. Les Samoas, par leur approche très physique, est une équipe qui, même si le résultat laisse peu de doute, est très usante physiquement et dont l’affrontement laissent des traces.
En tout cas, espérons que le coup de moins bien enregistré ce week-end est plus une décompression psychologique qu’une baisse de régime physique des joueurs et que ceux-ci seront, comme ils l’ont été en Coupe d’Europe, performant dès le premier test contre l’Afrique du Sud. Ca donnerait une chance à l’équipe de France d’accrocher des nations du sud à son tableau de chasse et surtout ça permettra aux spectateurs de ces rencontres de ne pas devoir seulement se contenter de match au rythme haché pour cause d’encombrement du calendrier et d’organismes fatigués…