Il y a un texte de La Presse canadienne ce matin sur le triomphe de Fred Pellerin à Paris. J’ai eu envie d’abonder dans le même sens, puisque j’ai vu son spectacle au théâtre du Rond-Point, il y a 15 jours. C’est absolument vrai que le plus connu des Caxtonien est en train de conquérir Paris avec ses contes. En plein Champs-Élysées, le Rond-Point est un théâtre très chic, la salle était pleine à craquer (un jeudi soir), ça riait beaucoup et tout le monde était debout à la fin. Mon voisin de siège était spécialement crampé... et pas nécessairement aux mêmes endroits que moi. Impressionnant... mais pas surprenant, ce Fred a un talent exceptionnel.
Dommage par contre qu’il ait dû présenter une version tronquée de son spectacle. On a vu «l’Arracheuse de temps» deux fois au Québec et la version de 2h30 qu’on a beaucoup aimée ici est rétrécie à 1h15 sur les Champs Élysées. Les spectacles de Fred sont construits avec toutes sortes de parenthèses et de ficelles qui partent dans toutes les directions et qui s’emboitent (presque par magie) en cours de spectacle. Conserver une histoire qui se tient malgré les coupures est un tour de force qui vaut un coup de chapeau, mais si vous me lisez de France et avez le goût de découvrir Fred... attendez l’occasion de voir un spectacle complet.
On a eu l’occasion de jaser un peu avec lui après le spectacle, malgré tous ses succès, il est toujours aussi sympathique et pas «grosse tête» pour deux sous. Il nous disait comment un québécois peut se rendre compte, une fois en France, qu’il n’est pas un «français qui vit en Amérique», mais un Québécois... ce qui est plus différent qu’on pourrait penser. Pour être allé quatre fois en France dans les deux dernières années, je comprends très bien ce qu’il veut dire. On est conscient d’être des parents éloignés, on a une affection naturelle et la langue facilite les choses... mais, nous ne sommes pas des Français.
Je crois bien que c’est cette réflexion qui amène le touchant rappel qu’offrait Fred sur la scène. Un espèce de cri du coeur pour la langue française avec l'interprétation de la chanson Mommy Daddy, popularisée par Pauline Julien. Peut-être aurai-je un jour la chance de poursuivre cette conversation avec lui... à Paris, pourquoi pas ?