Alors que je savourais l’intense satisfaction d’apprendre que les français n’étaient pas si cons que cela en tombant sur un sondage qui les dépeignait à 64 % conscients de ce que le débat de Besson et de son identité nationale était une manœuvre électorale visant à ratisser sur les terres de l’extrême droite (Marine Le Pen demande d’ailleurs expressément à venir lui serrer la main…), voilà qu’un effet de douche froide vient interrompre brutalement mon enthousiasme : mes concitoyens sont dans le même temps favorables à la tenue de ce débat, et sont même plus de 70% à approuver le chant de la marseillaise à l’école au moins une fois par an… Étrange paradoxe… Dois-je céder à ma parano en acceptant d’y déceler une instrumentalisation des sondages par les médias dominants ? Ce ne serait pas la première fois…
En m’intéressant à la source de ces deux sondages aux résultats si contradictoires, je m’aperçois qu’effectivement, il s’agit de deux sources différentes, comme vient me le confirmer plus tard le site d’ Arrêt sur image.
En continuant de creuser le sujet, malgré de contrariants empêchements personnels, j’apprends (encore plus stupéfiant !) qu’une certaine grande bringue aux neurones peu agités se montre moins circonspecte que d’autres plus à droite (quoique) en tombant comme une cruche dans le panneau de Besson…
Plus étonnant encore, j’apprends même que les plus virulents à dénoncer cette OPA de l’extrême droite sur notre patrimoine culturel avec la complicité du gouvernement sarkozyste sont… des gens de droite ! Ceux de gauche, du moins socialistes, mettent en effet un peu plus de temps à dénoncer le scandale que constitue cette initiative idéologique puante au caractère manipulateur : quoi de plus évident quand on sait que les résultats de ces débats seront livrés à la populace qui vote encore… en février 2010 ? En ôtera-t-on tout ce qui pourrait gêner la victoire de la droite sarkozyste ?
Il m’apparait de plus en plus évident que nous glissons vers un régime populiste aux mesures démagogiques qui ne fait que remuer les eaux troubles des plus bas instincts de notre pays, là où il faudrait le tirer par le haut en exaltant ce qu’il a de plus noble , issu de nos valeurs communes : les droits de l’homme, la culture, la philosophie, les arts, et tous les autres domaines qui ne répondent pas exclusivement à l’intérêt financier. Et lorsqu’ils y répondent, que ce soit donc de manière plus humaniste.
Mais puisqu’il semblerait que je sois l’un des derniers exemplaires d’animal politique en voie de disparition que tout cela pourrait indigner, je n’hésite plus à m’interroger tout haut :
A quand le retour d’une police de la pensée politique ? Des contraventions pour refus de chanter la marseillaise ? Ou pour s’être trompé dans les paroles ? Je me refuse en effet depuis bien longtemps à me livrer à cette mascarade qui consiste à célébrer l’irrigation de nos sillons par un sang impur… Viendra-t-on m’arrêter si je ne salue pas le drapeau français ? Ou si je tente encore et toujours, inlassablement, au quotidien, dans tous mes actes, mes pensées, mes écrits et mes engagements, de redonner du sens à cette devise républicaine qui m’est si chère, et que ce gouvernement là s’ingénie chaque jour à fouler aux pieds par sa conduite indigne : Liberté, égalité, fraternité ?
Non, cette France là, qui ne respecte plus ses valeurs séculaires et son héritage culturel, et n’assume pas ses erreurs historiques (je parle ici notamment du pétainisme, auquel Guaino me semble appartenir en droite ligne spirituelle) n’est – définitivement – pas la mienne.
N’en déplaise à Ségolène.