Chemins de fer

Publié le 01 novembre 2009 par Lorraine De Chezlo
de Benoît Duteurtre
Roman - 200 pages
Editions Fayard - août 2006
Editions Folio Poche - 2008
Florence mène une double vie. La semaine (2 - 3 jours tout au plus), c'est une cadre dynamique dirigeant à Paris une agence de communication. Elle s'investit avant tout pour pouvoir s'échapper dès que possible dans un village perdu où elle a une maison. Dans cette campagne isolée, elle respire, et savoure tout ce qui fait de ce paysage l'antidote de sa vie parisienne. Elle s'y rend toujours par le train et elle analyse les évolutions de la gestion des chemins de fer français, avec crainte. Car le service public pourrait ne plus perdurer. Et puis il y a autre chose qui la chiffonne : cette uniformisation urbanistique, avec ce lampadaire qui se dresse depuis peu devant sa résidence secondaire : un réverbère flambant neuf qui jure avec les collines bucoliques et l'idée qu'elle se fait de la Province...

Le livre est intéressant et je découvre Benoît Duteurtre avec beaucoup de curiosité. Chemins de fer est curieux : ce roman n'en est pas vraiment un car il n'y a pas vraiment d'histoire. Juste cette femme qui fait des allers-retours entre Paris et son village favori. Mais l'important est ailleurs, plûtot dans la réflexion apportée aux évolutions de nos temps modernes et en particuliers celles des services et du système de la SNCF et également de la vision que les urbains ont de la Province telle qu'ils veulent la conserver.
Extrait :"Samedi 26Quitter la gare en taxi, filer sur la nationale en direction du col ; tourner dans la vallée encaissée où les noms de hameaux se succèdent dans un ordre précis... Quand s'égrènent les derniers kilomètres, je retrouve chaque détail des voyages de mon enfance. Aujourd'hui, comme nous remontions le long de la rivière, le chauffeur m'a parlé de pêche à la ligne. Le cours d'eau sinuait parmi les grandes herbes de la prairie. Une lumière dorée d'automne éclairait les sapinières accrochées aux pentes rocheuses. Là-haut, sur la montagne, j'ai reconnu la ferme de Paul dont la cheminée fumait au milieu de sa clairière. Soudain, par la vitre baissée, j'ai aspiré une bouffée plus âcre et plus noire ; celle du camion de marchandises polonais qui, depuis dix minutes, ralentissais notre avancée."
Avec les mots simples d'un journal intime, l'auteur arrive à faire passer de façon très précise ce que l'on imagine être son sentiment sur la nostalgie et la déception que provoque chez beaucoup d'entre nous la progression du "modernisme" là où on veut voir subsister l'"authentique". C'est très bien décrit je trouve et je ne m'aventurerais pas dans la paraphrase médiocre. (avez-vous digéré la phrase précédente ?.... Si oui bravo ! ;-))Avec Chemins de fer j'ai voyagé, j'ai eu froid, je me suis mise à la place de cette Florence citadine mais aussi des paysans indigènes...Pas mal..
Train-train ? Modernité ? - Train de livres