Halloween

Publié le 01 novembre 2009 par Menear
D'abord une première idée crépite dans la tête, je n'ose pas trop y toucher. Une fois les premières phrases lancées sur l'écran, le résultat est souvent piteux : en un quart d'heure à peine, voilà des mois de rêverie les yeux ouverts assassinées. Les premières phrases sont décevantes, elles cassent l'image muette encore pleine de possibilités qui circulait derrière mon crâne, à présent réduit à une médiocrité de plus. C'était le cas pour Ernesto & variantes cet été, c'était pareil avec Scapulaire, récit fantôme perdu à jamais il y a deux ans. Hier, Halloween, j'ai noté deux titres différents sur la page, parce qu'il fallait bien en enregistrer un pour le fichier : Vers Dzoungarie via Tacheng ou encore 46° 16,8' latitude nord / 86° 40,2' longitude est. Je préfère le deuxième, mais j'ai manqué l'incipit. À refaire.
Dans son Journal des morts1 David Menear, à cette date du 1er novembre, mais d'il y a dix ans, écrit :
Hier Halloween, maintenant nous fêtons ça. On a sonné à la porte, la porte était fermée. Je n'ai rien dans mes placards, rien mangé depuis des jours. J'ai glissé par la fente un paquet de jambon périmé, des toasts au pâté Hénaff, un yaourt 0% vidé à la petite cuiller. Je leur ai demandé : vous êtes combien, ça vous suffit ? Pas de réponse. J'ai regardé par la fente, j'ai vu des jambes, j'ai vu sous les costumes. J'ai mis un disque, n'importe lequel, plus fort que leurs voix pour étouffer les mots qu'ils ont peut-être hurlés.
Demain 90 jours que je ne me serai plus regardé dans un miroir.

________________

1 Journal qui est en réalité le volume VI caché du Journal des sens, publié posthume, écrit en attendant la mort, pensé pour meubler un an d'une vie qu'il se sait incapable de poursuivre, journal fictif qui couvrira finalement quinze mois de vie anticipée qui « aurait pu être, mais probablement pas ». Les derniers mots chronologiques sont en réalité, quinze mois et un volume avant le terme de son Journal : « Demain mardi, attendre encore. »