Dans son Journal des morts1 David Menear, à cette date du 1er novembre, mais d'il y a dix ans, écrit :
Hier Halloween, maintenant nous fêtons ça. On a sonné à la porte, la porte était fermée. Je n'ai rien dans mes placards, rien mangé depuis des jours. J'ai glissé par la fente un paquet de jambon périmé, des toasts au pâté Hénaff, un yaourt 0% vidé à la petite cuiller. Je leur ai demandé : vous êtes combien, ça vous suffit ? Pas de réponse. J'ai regardé par la fente, j'ai vu des jambes, j'ai vu sous les costumes. J'ai mis un disque, n'importe lequel, plus fort que leurs voix pour étouffer les mots qu'ils ont peut-être hurlés.
Demain 90 jours que je ne me serai plus regardé dans un miroir.
________________
1 Journal qui est en réalité le volume VI caché du Journal des sens, publié posthume, écrit en attendant la mort, pensé pour meubler un an d'une vie qu'il se sait incapable de poursuivre, journal fictif qui couvrira finalement quinze mois de vie anticipée qui « aurait pu être, mais probablement pas ». Les derniers mots chronologiques sont en réalité, quinze mois et un volume avant le terme de son Journal : « Demain mardi, attendre encore. »