Dominique de Villepin a devant lui une formidable bataille : celle du contenu pour tenter de définir une "nouvelle République". Son discours du 27 octobre ouvre cette nouvelle étape.
A un an de la victoire de Barack Obama, la semaine prochaine sera le rendez-vous des bilans et des perspectives.
En ce qui concerne les perspectives, la question est celle de savoir si la France peut connaitre une campagne comme celle de Barack Obama et si oui qui pourrait la conduire ?
Une présidentielle Américaine, c'est d'abord un voyage dans l'Amérique profonde pour rencontrer les citoyens dans un contact direct, physique, charnel.
Lors de la présidentielle, le citoyen devient un acteur très impliqué dans le processus de décision.
Dans ce contexte, intervient un second volet qui est celui du changement. Chaque présidentielle se joue sur ce thème depuis le "New Deal" de Roosevelt à "América is back" de Reagan en passant par la "Nouvelle frontière" de Kennedy ou la moins célèbre "Grande Société" de Johnson.
La présidentielle est le révélateur et l'accélérateur du changement.
Ce sont ces deux critères qui ont rendu possible une percée comme celle de Barack Obama et qui la rendent difficile en France.
Là où le candidat Américain doit être le candidat du peuple, le candidat Français est d'abord celui de la "puissance publique".
La représentation du peuple semble réservée en France à des candidats protestataires, marginaux.
Parce qu'il est le représentant de la puissance publique, le candidat Français a dû vivre un long parcours d'exercice de responsabilités publiques. Ce parcours est une barrière structurante à l'éclosion immédiate de nouveaux talents. La vie politique Française suppose de s'endurcir sous le joug de l'expérience des responsabilités.
Seconde différence, une présidentielle Française n'est pas un voyage pour rencontrer les citoyens "au coin de la rue". Elle reste d'abord une relation avec des corps intermédiaires très bien organisés.
La "rencontre" avec les citoyens intervient soit lors de grands meetings qui ne permettent pas des contacts directs soit lors d'émissions télévisées qui reposent sur des échantillons filtrés avec une expression encadrée par des considérations formelles très contraignantes.
Enfin, l'ambiance n'est pas à l'optimisme du neuf mais à la défense des "droits acquis".
Pour toutes ces raisons, traditionnellement, ce sont donc deux cultures totalement différentes, pour ne pas dire opposées, qui interviennent.
La France peut s'enthousiasmer pour Obama mais son cadre institutionnel comme sa culture politique ne permettent probablement que très difficilement un tel parcours sur son sol.
Traditionnellement, les Américains votent pour une destinée, pour un spectacle, pour un gagnant.
La destinée, c'est l'assurance que le rêve est possible pour chacun.
Le spectacle, c'est le morceau d‘Histoire raconté par un cursus et par le sens perçu de la campagne.
Le gagnant, c'est celui qui devient d'abord le maître du temps de la campagne, qui pousse l'autre à la faute, qui réagit plus vite, qui incarne l'énergie qui doit donner demain une espérance pour chacun.
Et pourtant, face à cette "tradition", il y a une nouvelle donne : des candidats de forte notoriété qui se doivent de contourner les formations politiques classiques pour naître dans une présidentielle new look. C'est tout particulièrement le cas pour Dominique de Villepin.
Face à cette réalité, il a désormais deux enjeux majeurs :
- ouvrir la bataille d'un nouveau contenu,
- livrer la campagne du "coin de la rue" c'est à dire celle du labourage des territoires Français.
S'il y parvient, il écrira un nouvel âge des présidentielles en France. Pour garder une fenêtre de tir performante, il doit écrire la preuve par le neuf.
Revivre la campagne 2008 de Barack Obama grâce au lien suivant : : lavictoire2008