La lumière est trop claire pour le temps qu'il fait,
Aiguisée et flexible ou cruellement douce,
D'une lucidité trop agile et trop nue,
Trop subtile de fil et trop lisse de grain,
Et le ciel est trop bleu, d'un azur trop épais
Pour un soleil si haut, rayonnant et heureux.
Lisse comme un acier et blanche comme une arme
Illuminante, illuminée, on ne sait trop
Si son chant invisible et qui perd les ombres
Monte ou descend, s'il anticipe ou s'il retarde ;
Mais quand Novembre vrai nous tombera dessus,
Cette musique en nous radieuse et légère
Laissera sa magie et son parfum d'été
Pour récuser les vents mouillés et les jours gris.
Armel Guerne (1911-1980)
Extrait de C'était hier et c'est demain, Anthologie Le Printemps des poètes, Mars 2004