Après l’interruption estivale, de nouveau, deux revues de livres lus ce mois-ci.
La diplopie est l’affection qui vous amène à voir double (pas seulement quand vous êtes ivre). Clément Chéroux analyse sous ce titre (aux Éditions cherbourgeoises du Point du Jour, avec une couverture bien austère) les images du 11 septembre en montrant d’abord systématiquement que seul un tout petit nombre d’images a été reproduit un grand nombre de fois : c’était déjà le thème de l’exposition au Jeu de Paume en 2007, mais ici la typologie est clairement définie. Trente photos de six types différents (explosion, nuage, ruine, avion, panique et drapeau) ont représenté 86% des images des journaux américains; et pratiquement aucune image de cadavre, trop démoralisatrice à la veille du Patriot Act. Hors ce fut un événement hyper-photographié : “une profusion d’images et la sensation de voir toujours la même chose”. C’est le poids des agences, des réseaux de presse, mais aussi de l’autocensure et du conformisme qui est analysé ici.
Plus intéressante est l’étude de la diplopie elle-même, c’est-à-dire des images associées à celles du 11 septembre. Dans le climat belliciste de la presse américaine, ce sont les explosions de Pearl Harbour et le drapeau d’Iwo Jima qui sont appelés en renfort, images d’une guerre ‘juste’ contre un ennemi ‘fourbe’ et icônes des valeurs américaines; mais ce ne sont pas tant les images d’actualité qui sont représentées que leur retranscription hollywoodienne. Dans la presse européenne, on trouve au contraire plus souvent des images d’Hiroshima ou d’Apocalypse Now, évocatrices de la puissance impérialiste. Comme le paraphrase Chéroux “l’intericonicité, ça sert aussi à faire la guerre”. C’est le signe, conclut-il éloquemment, d’une globalisation non point géographique, mais historique : mais j’ai trouvé que ce livre n’était qu’une mise en appétit sur ce thème de la globalisation verticale, qui reste à développer plus largement. Mon autre livre du mois est dû à Lazar Kunstmann (l’homme de l’art ?), porte-parole des Untergunther, de l’UX, de la Mexicaine De Perforation, groupes clandestins qui oeuvrent dans l’ombre à Paris. Son livre, La culture en clandestins (édité chez Hazan; disponible via Dessin Original à 17.10 euros), conte la rénovation de l’horloge du Panthéon et quelques autres aventures souterraines, dans les catacombes et sous la Cinémathèque. Leurs activités philanthropiques n’étant guère appréciées des autorités (et on retrouve là Anne Lauvergeon avant qu’elle n’accède au panthéon mitterrandien), leurs démêlés juridiques avec le Panthéon font l’objet d’un récit désopilant. Au-delà de l’anecdote, l’intérêt de ce livre est de montrer un travail de sape anarcho-libéral de nos belles institutions culturelles. Et encore, nous ne savons pas tout !
Plus intéressante est l’étude de la diplopie elle-même, c’est-à-dire des images associées à celles du 11 septembre. Dans le climat belliciste de la presse américaine, ce sont les explosions de Pearl Harbour et le drapeau d’Iwo Jima qui sont appelés en renfort, images d’une guerre ‘juste’ contre un ennemi ‘fourbe’ et icônes des valeurs américaines; mais ce ne sont pas tant les images d’actualité qui sont représentées que leur retranscription hollywoodienne. Dans la presse européenne, on trouve au contraire plus souvent des images d’Hiroshima ou d’Apocalypse Now, évocatrices de la puissance impérialiste. Comme le paraphrase Chéroux “l’intericonicité, ça sert aussi à faire la guerre”. C’est le signe, conclut-il éloquemment, d’une globalisation non point géographique, mais historique : mais j’ai trouvé que ce livre n’était qu’une mise en appétit sur ce thème de la globalisation verticale, qui reste à développer plus largement. Mon autre livre du mois est dû à Lazar Kunstmann (l’homme de l’art ?), porte-parole des Untergunther, de l’UX, de la Mexicaine De Perforation, groupes clandestins qui oeuvrent dans l’ombre à Paris. Son livre, La culture en clandestins (édité chez Hazan; disponible via Dessin Original à 17.10 euros), conte la rénovation de l’horloge du Panthéon et quelques autres aventures souterraines, dans les catacombes et sous la Cinémathèque. Leurs activités philanthropiques n’étant guère appréciées des autorités (et on retrouve là Anne Lauvergeon avant qu’elle n’accède au panthéon mitterrandien), leurs démêlés juridiques avec le Panthéon font l’objet d’un récit désopilant. Au-delà de l’anecdote, l’intérêt de ce livre est de montrer un travail de sape anarcho-libéral de nos belles institutions culturelles. Et encore, nous ne savons pas tout !