Une mauvaise saison de Kaamelott, ça aurait de quoi foutre grave la déprime au fan que je suis. Parce que Kaamelott est pour moi une raison de ne pas désespérer de la fiction française disponible quand t'es pas abonné Canal +. Je vous épargnerais ci une longue tirade à la gloire de cette série pour vous parler du Livre VI que M6 a décidé d'expédier à vitesse grand V de façon assez malpropre en 3 samedis soir.
Astier est un fou, un malade, un geek. Un vrai. Du genre possessif et instable. Du style qui est le sien. On a du mal à la suivre cet oiseau là. On l'aime, on l'adore, on le regarde bizarrement, on renifle fort d'impatience, on le déteste parce qu'il nous échappe et au final on se contente de lever les yeux au ciel pour le voir s'envoler en espérant qu'on l'accompagne un peu. Et n'insistez pas, il n'y aura pas de blague impliquant Michel Fuguain.
Pour en revenir au côté zinzin (de l'espace) du personnage, imaginez un peu que ce Livre VI est, il faut se l'avouer, un suicide en direct 3 samedis soirs en prime time de suite sur M6. Aux yeux du pequenot (breton ou non) de base, Kaamelott c'est avant tout « le truc qui a remplacé Caméra Café » et le livre V était drôle malgré tout. Astier aurait alors pu boucler l'histoire en appliquant son pattern à la jeunesse et à la mort (santé !) d'Arthur. Mais non ! Il prend le risque, il invente, il met au point, il tâtonne, il tombe, il se relève, il en remet une couche et se permet tout. Y compris et surtout de se ramasser un pain.
Ce qui arrive tout au début. Les 6 premiers épisodes (sur 9 !) de ce Livre VI sont tour à tour chancelants, hésitants, ennuyeux, embrouillés mais ont de grands moments qui permettent d'éviter de se taper le voyage pour rien. Cela paraît évident mais il y a un monde entre Rome et la Bretagne et les premiers pas du voyage sont toujours les plus durs. C'est ainsi qu'Astier se disperse et dilapide ses talents dans des scènes brouillons voire parfois carrément chiantes pour au final un message un peu trop brouillé pour être réellement accessible et des séquences à la longueur discutable.
On sauvera toutefois volontiers les seconds rôles qui sont toujours aussi drôles. Mention spéciale pour François Rollin et Morel qui sont juste géants !
Puis vient les 3 derniers épisodes, le puzzle fut laborieux mais il est enfin en place et là c'est l'immunité totale. Protégé, Astier l'est désormais dans la forteresse de son talent que même une pause pub à la M6 ne peut atteindre. Drame, humour et personnages, tout semble miraculeusement se reconstituer. Le salaud, il avait pensé à tout en fait. Y a pas, il est fort ce con !
Car au final qu'est ce que ce livre VI sinon un élargissement magistral, brillant et complet, une preuve filmée qu'Astier mène son univers comme bon lui semble et qu'il en a énormément sous la couronne. Difficile de vous en parler sans tomber dans le spoiler inacceptable en ce lieu , sachez juste que Astier explorer toute les facettes de ses personnages et que la mise en scène de tout cela est de très haute facture. C'est grand, très grand !
Réussir à faire d'une fiction française un chef d'œuvre, c'était impossible, Astier a retiré l'épée du rocher. Merci et rendez vous au cinéma !